Lecture d'un commentaire (3115)


Lc 22,14

Commentaire: Voir le commentaire de Marc 14.12. Jésus s’installe pour le repas. Le texte dit plus précisément qu’il “s’allongea”, selon la coutume grecque : les invités s’allongeaient sur des divans autour de la table. Jésus a-t-il célébré avec ses disciples le repas de l’agneau, c’est-à-dire la Pâque juive et à cette occasion il aurait célébré pour la première fois le rite de l’eucharistie, ou bien n’y a-t-il eu qu’un repas d’adieu avec l’eucharistie ? C’est un point discuté : voir la note à ce sujet en Jean 18.28. Si l’on s’en tient au texte de Luc 22.15 (et de même dans Matthieu et Marc), il semblerait que Jésus célèbre la Pâque juive et que ce repas, cette Cène, est la dernière au cours de laquelle il célèbre l’Eucharistie. Mais normalement la Pâque se célébrait dans la pièce la plus ouverte, celle du rez-de-chaussée : même dans cette maison amie Jésus s’isolera avec les siens dans la chambre haute. Il n’y a rien de surprenant à ce que Jésus ait répondu ici comme en bien des endroits en donnant un autre sens aux mots : on l’interroge sur la Pâque et il prépare la vraie Pâque qui est l’Eucharistie. Ce qui est certain, c’est que pour Jésus l’eucharistie devait remplacer la fête juive de la Pâque. La Pâque, c’était l’action de grâces pour la sortie d’Égypte avec Moïse, l’événement fondateur du peuple d’Israël. Le rite de l’eucharistie, ce sera jusqu’à la fin des temps l’action de grâces pour l’événement central de l’histoire du salut : la mort et la résurrection de Jésus, Fils de Dieu, celui qui rassemble en lui toute l’histoire humaine. Je ne boirai plus du produit de la vigne. Déjà pour les Juifs, le repas pascal était une image anticipée du banquet du Royaume de Dieu, ce qui devait se vérifier d’une manière très spéciale pour Jésus cette nuit-là. Les paroles que Jésus prononce lorsqu’il partage le pain et la coupe font allusion à la fois à sa mort toute proche et au sens de cette mort : une nouvelle alliance est conclue entre Dieu et les hommes. Voici que les personnes accèdent mystérieusement au monde de Dieu et expérimentent aussi bien sa présence qu’une transformation progressive de toute leur vie par l’Esprit de Dieu. Ceci est mon corps (19). Faut-il leur donner seulement un sens symbolique à ces paroles, ou bien est-ce une réalité que seule la foi atteint dans toute sa vérité ? Il y a eu à ce sujet des controverses interminables entre catholiques et protestants. Les premiers affirmaient que le pain est vraiment le corps du Christ ; les protestants maintenaient que le pain ne contient pas la présence physique du corps du Christ et ils le considéraient comme un simple symbole. De part et d’autre il y a eu un effort de compréhension mutuelle. L’Église catholique affirme que le pain consacré est à la fois symbole et réalité : il est devenu le corps ressuscité du Christ. Mais ce corps ressuscité n’est pas une chose qu’on pose sur une table. Le corps du Christ est réalité spirituelle et il attire à lui toutes choses. Sa présence à travers le signe du pain est donc très particulière : le pain étant aliment, le corps du Christ est présent comme pain de vie. Le but essentiel de l’eucharistie que les chrétiens célèbrent chaque jour ou chaque semaine est de signifier, de renouveler et de renforcer la communion entre Jésus et ceux qui participent à la table du Seigneur. Mon sang répandu pour vous (20). Jésus nous donne le sens de sa mort : il sera le serviteur de Yahvé promis par Isaïe ( 53.12) qui prend sur lui les péchés de la multitude. C’est pourquoi, dans Matthieu et Marc, Jésus dit : “Mon sang répandu pour une multitude”. Cette multitude désigne en premier lieu les chrétiens : c’est pourquoi nous lisons ici, versé pour vous, de même que dans 1Corinthiens 11.24. La nouvelle alliance : voir le commentaire de Marc 14.12. Faites cela en mémoire de moi. Par ces mots, Jésus institue l’eucharistie que l’Église célébrera après lui. En mémoire de moi, mais pas pour se souvenir d’un mort : en mémoire de celui qui est maintenant le Vivant et le maître de notre histoire.


Source: Bible des peuples