Lecture d'un commentaire (3068)


Lc 15,1

Commentaire: LA MISÉRICORDE
Le présent chapitre où Luc réunit ses trois paraboles sur la miséricorde de Dieu a valu à son évangile d’être appelé l’Évangile de la miséricorde. En réalité c’est toute la Bible qui proclame la miséricorde divine et le pardon inlassable de Dieu. Mais il est certain que la révélation de l’amour de Dieu en la personne de Jésus a bouleversé le sentiment qu’on pouvait en avoir. Chez les prophètes, Dieu montait sa miséricorde lorsqu’il réunissait les dispersés de son peuple ou leur rendait la terre des promesses. Il s’agissait d’abord d’une miséricorde envers Israël, en un temps où la valeur de la personne humaine ne s’était pas encore imposée, et où le peuple passait avant les individus ( Siracide 37.25). Dieu pardonnait la faute et la rébellion, mais c’était toujours après avoir puni, car il voulait montrer que la justice est souveraine dans l’ordre divin. La piété des fidèles s’appuyait, comme dans toute religion vécue, sur les faveurs que chacun a reçues de Dieu, et que lui seul connaît, surtout lorsqu’elles révèlent qu’il a été sensible a notre humiliation, qu’elles portent le sceau de son intervention et montrent qu’il a répondu à notre prière. De nombreux Psaumes sont témoins d’une telle expérience. Mais dans l’évangile, et en la personne de Jésus, Dieu s’est fait humain, et sa miséricorde nous touche d’une tout autre manière. Il y a d’abord le fait que Dieu n’est pas seulement dans les hauteurs, ou dans l’inconnu de son mystère, mais qu’il a voulu nous rencontrer sur notre terrain. Lorsque Jésus se loge chez Zachée, cela signifie que pour chacun des humains il y aura une heure où la communion avec Dieu sera tout aussi vraie, et la communication tout aussi simple qu’avec l’ami le plus intime. Et c’est ainsi que les paroles de pardon ou de réconfort nous atteignent au plus profond. Les trois paraboles qu’on lit dans ce chapitre développent les aspects de la parole prononcée par Jésus à propos de Zachée : “Le Fils de l’Homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu”. Chercher est ici tout aussi important que sauver, car il souligne un désir personnel de Dieu : comme si l’Infini pouvait manquer de quelque chose ! La femme cherche la pièce qui lui manque, et c’est normal qu’elle fouille partout. Lorsque le berger laisse en plan les 99 brebis, il y a là quelque chose d’irrationnel. Le père qui fait la fête au retour de l’irresponsable et sacrifie le veau gras qu’il a refusé au fils obéissant, c’est beaucoup plus discutable. On pourra dire que la parabole veut choquer pour être mieux entendue. On pourrait alors commenter cette parole de Dieu comme la révélation d’une stupidité divine dont Paul nous parle en 1Corinthiens 1.25 (on traduit toujours folies en 1Corinthiens, parce qu’il y a des folies dont on s’honore, alors que stupidité paraîtrait peu convenable…). Les chemins de Dieu sont mystérieux, mais l’amour dont il nous aime et ce qu’il veut trouver en nous dans l’éternité ne sont pas moins étrangers à nos idées religieuses. Il n’est pas tout à fait faux de dire que Dieu cherche des pécheurs.


Source: Bible des peuples