Lecture d'un commentaire (2999)


Lc 10,29

Commentaire: LE PROCHAIN Les commentaires rabbiniques de la Bible les plus anciens — ils sont contemporains des évangiles — montrent comment les maîtres se divisaient sur la question de qui est le prochain. La question posée à Jésus était donc fort actuelle. Et les interprétations du mot prochain allaient de la famille très proche aux familiers, à tout frère juif, même aux prosélytes qui ne sont pas encore pleinement juifs. Mais personne n’allait au-delà de cette barrière à la fois nationale et religieuse. La réponse de Jésus est donc absolument neuve. Comme l’a montré le philosophe Henri Bergson, passer du prochain membre du même groupe social à un prochain qui peut être toute autre personne, ce n’est pas seulement un élargissement, c’est accéder à un autre monde. L’amour du prochain qu’on essayait de pratiquer entre Juifs et Grecs dans l’Église primitive en dépit des méfiances mutuelles (c’était l’une des grandes préoccupations de Paul : 2Corinthiens 8—9) était une richesse nouvelle donnée au monde. Saint Jean, pour sa part le voyait bien comme un commandement très nouveau ( Jean 13.34 ; 1Jean 2.8). Si aujourd’hui la réponse de Jésus ne nous semble plus si extraordinaire, c’est tout simplement parce que cette parabole a déjà transformé les consciences. Cependant cet amour du prochain continue d’apparaître comme une nouveauté dans le monde actuel lorsqu’il ne s’agit pas seulement d’aider un prochain “lointain” dans des cas individuels marginaux, mais que cet amour permet la rencontre d’éléments sociaux entre lesquels existent des barrières.


Source: Bible des peuples