Lecture d'un commentaire (2997)


Lc 10,25

Commentaire: Le maître de la Loi pose à Jésus une question classique en un temps où beaucoup s’efforçaient pour établir un ordre entre les très nombreuses prescriptions de la Loi. Quels étaient les principaux commandements ? Et si l’amour du prochain avait quelque priorité, qui était le prochain que l’on doit aimer — ou pour parler de façon plus concrète, le prochain que l’on doit aider ? Jésus transforme le commandement de l’amour du prochain qu’on lisait en Lévitique 19.18. Pour commencer, l’extension du mot prochain ; on discutait pour savoir si c’était seulement un membre de la famille, un membre de l’entourage, un compatriote… mais jamais on ne voyait plus loin que la communauté religieuse. L’exemple que Jésus donne était très choquant avec l’opposition du prêtre et du Samaritain, l’homme du peuple voisin qu’on ne peut pas aimer. Mais Jésus fait bien plus qu’ouvrir la notion du prochain, il échappe à la grande préoccupation d’alors : ce que la loi permet et ce à quoi elle oblige. Il fait de l’amour du prochain un amour vrai, qui naît du cœur et d’un appel intérieur plus fort que le danger. Car le Samaritain est allé plus loin que son émotion, il s’arrête dans un endroit dangereux, il paie, et il court d’autres risques encore quand il s’engage à couvrir les frais nécessaires. Une fois, Martin Luther King remarquait que l’amour ne se limite pas à soulager ceux qui souffrent : “Au début, nous devons être le bon Samaritain envers ceux qui sont tombés le long du chemin. Mais un jour, nous devrons admettre que le chemin de Jéricho doit être refait pour que les hommes et les femmes ne continuent pas à être battus et volés pendant qu’ils s’acheminent sur les sentiers de la vie.” Jésus refuse de voir les rapports humains conditionnés par les liens du sang, de l’histoire et de la religion ; il nous invite à créer un nouveau type de relations dans lequel l’ouverture du cœur et l’amour vrai ont l’initiative. Et c’est ainsi qu’il renverse la notion habituelle du prochain dans sa conclusion qu’on lit souvent sans la comprendre : le prochain n’est pas celui qu’on aidera, mais celui qui a aimé.


Source: Bible des peuples