Lecture d'un commentaire (2944)


Lc 6,17

Commentaire: Ici commence un discours de Jésus dans lequel Luc a repris une bonne part des enseignements du Maître qui occupent les chapitres 5—7 de Matthieu. Ce discours commence avec la proclamation des Béatitudes : “Heureux êtes-vous si… !” Matthieu les a adaptées pour en faire un peu comme un idéal à poursuivre. Ici Luc les rapporte telles que Jésus a dû les proclamer aux Galiléens, en un temps où pour eux la vie était extrêmement difficile et incertaine : vous qui souffrez, vous êtes les premiers que Dieu regarde, et tout ce qu’ont promis les prophètes est pour vous. Les trois béatitudes vont à ceux qui n’ont pas ce qui est nécessaire pour une vie pleinement humaine. Elles annoncent un renversement de la situation actuelle, comme dans le Magnificat ( Luc 1.46-55), et les pauvres seront les premiers à travailler à l’œuvre de salut du monde. Les béatitudes ne disent pas que les pauvres sont meilleurs, mais elles promettent un renversement. Le royaume signifie une nouvelle société : Dieu bénit les pauvres, mais non la pauvreté. En contraste avec ces béatitudes, Luc présente des lamentations qui rappellent celles d’Isaïe ( 65.13-14). Ce sont des lamentations, comme on en faisait pour les morts, non des malédictions. Car le riche oublie Dieu et il devient imperméable à la grâce ( Luc 12.13 ; 16.19-31). Ces lamentations sont un signe de l’amour de Dieu pour les riches, comme les béatitudes pour les pauvres, car il les aime tous, mais de façon différente. Il affirme aux premiers qu’il va détruire les structures de l’injustice, et il donne un avertissement aux autres : la richesse apporte la mort. Quand tout le monde parle bien de vous (v. 26). Voir 1Corinthiens 4.8. Le contraste entre les persécutés et les gens considérés peut exister dans l’Église elle-même. Bien des problèmes peuvent être bloqués, et la mission elle-même, à cause de groupes influents et de personnes qui ne manquent de rien et qui savent obtenir les bénédictions officielles. Et Jésus rappelle l’exemple des prophètes. Jésus dira à ses disciples qu’ils sont les héritiers des prophètes ( Matthieu 13.17 ; Actes 3.25 ; Jacques 5.10), et il rendra l’importance aux messagers sans auréole qui, à l’intérieur même du peuple de Dieu, et souvent en contradiction avec les idées dominantes, donnent des paroles de Dieu. Un chrétien ne devra donc jamais être surpris des faiblesses, pour ne pas dire plus, qu’il rencontrera dans l’Église : qu’il se contente de lui être fidèle, même s’il y est persécuté.


Source: Bible des peuples