Lecture d'un commentaire (2917)


Lc 4,1

Commentaire: Avec ce chapitre commence le ministère de Jésus dont on vient de voir qu’il a été introduit dans son rôle de Messie sauveur par une parole divine. Jésus est le sauveur promis à Israël, sauveur d’un peuple maintenant au bord du gouffre de la violence, sauveur de l’histoire humaine tout entière, puisqu’il a été proclamé comme la lumière des nations. Cette dimension historique de l’évangile n’empêche pas que le salut de l’histoire humaine est l’enjeu d’une lutte avant tout spirituelle, et c’est ce que fait comprendre le récit de la tentation. Il y a là comme une fresque où se retrouvent le souvenir des rébellions d’Israël au désert du temps de Moïse ( Deutéronome 8.3), les méprises des auditeurs et même des disciples de Jésus qui sans cesse chercheront à le faire dévier de sa mission ( Marc 8.33), et le rappel d’une certitude inscrite dans toute la Bible : à la base de l’aliénation humaine il y a le Diable, c’est-à-dire l’esprit adversaire de Dieu. Ces tentations se placent durant les quarante jours au désert. Sans doute un long temps de jeûne et de solitude, mais c’est aussi un chiffre symbolique qui rappelle les quarante ans d’errance des Israélites dans les déserts du Sinaï, et les quarante jours d’attente de Moïse avant de recevoir la révélation de l’Horeb ( Exode 16.35 et 24.18). Ces trois tentations résument, aux yeux de l’évangéliste, les pressions de ceux qui voudraient amener Jésus à entrer dans le personnage du Messie tel que le peuple le rêvait. Il aurait dû offrir aux foules le pain qui seul les intéresse, prendre le pouvoir comme s’il était le moyen de réordonner le monde, obtenir de Dieu des miracles quand lui n’attendait de son Serviteur que l’obéissance et le sacrifice. La conclusion est claire : Jésus a beau être le Fils de Dieu, il n’aura jamais la paix ni le triomphe en ce monde.


Source: Bible des peuples