Lecture d'un commentaire (2884)


Lc 1,53

Commentaire: Il a comblé de biens les affamés. Il ne faut pas que l’interprétation spirituelle du Magnificat nous cache le sens originel de cette proclamation. Elle est bien née dans un monde de pauvres qui ont reçu Jésus comme le sauveur. C’est le cri joyeux de ceux qui se sont vu offrir un chemin de libération et qui, déjà, savent où Dieu les mène. N’oublions pas que toute cette enfance de Jésus se déroule dans une province dont les richesses sont régulièrement spoliées par l’oppresseur romain et les grands propriétaires souvent partis à l’étranger. Dans le monde où Jésus a grandi on survit plus qu’on ne vit, on s’aide entre pauvres dans la mesure où l’on peut et nul n’est sûr du lendemain. Il n’y a donc pas des riches et des pauvres mais des pauvres et des oppresseurs. Depuis le temps de la domination par les successeurs d’Alexandre, égyptiens ou syriens, les riches sont globalement des cyniques ou des affairistes qui ont renié l’espérance d’Israël. Les riches, les orgueilleux, les repus sont en fait une classe sociale face au pauvre peuple qui vit de confiance en la Providence. Et le mot pauvres, pour sa part, signifie à la fois une situation économique et sociale, et une attitude humble devant Dieu : “comme les yeux de la servante sont fixés sur la main de leur patronne…” ( Psaume 123(122)). Dieu a tenu ses promesses, toutes ses promesses depuis les temps antiques : c’est déjà fait ! Mais, comme il arrive souvent, on n’est pas dupe des mots et l’on sait que, même avec un Messie, il y aura encore une longue histoire : toutes les générations…


Source: Bible des peuples