Lecture d'un commentaire (2879)


Lc 1,26

Commentaire: Le récit de cette seconde Annonciation oppose la personne de Jean et celle de Jésus. Il oppose l’attitude de Zacharie et celle de Marie. Les deux récits se complètent pour mettre en relief les deux grandes caractéristiques de Dieu dans la Bible : la fidélité et la grâce. Dans l’annonce à Zacharie l’on voyait comment l’appel de Dieu couronne la longue attente d’un peuple qui a persévéré dans la prière et l’observation de la loi de Dieu ; Dieu, toujours fidèle, va tenir ses promesses. Dans l’appel à Marie, rien n’est dit de sa vie antérieure, seulement tombe une parole de Dieu qui l’a choisie entre toutes : la grâce de Dieu la situe immédiatement sur un plan auquel personne n’a jamais songé. Luc utilise deux fois le mot vierge. Il veut faire allusion aux prophètes qui affirmaient que Dieu serait accueilli par la vierge d’Israël. Cette façon de parler laissait entendre que Dieu voulait être accueilli par un peuple renouvelé, un peuple qui aurait abandonné ses maîtres et ses idoles pour n’être qu’à lui. Toujours est présente dans la Bible cette image d’un mariage de Dieu avec son peuple. Le verset 31 fait allusion à la prophétie très importante d’ Isaïe 7.14 : Jésus sera le sauveur appelé “Dieu-avec-nous”. La foi chrétienne proclame “Marie toujours vierge”. Non seulement elle conçoit Jésus de l’Esprit de Dieu, mais elle restera vierge, même après avoir confirmé son mariage avec Joseph. Cette virginité est comme une garantie de l’alliance nouvelle que Dieu fait avec l’humanité. La foi chrétienne affirme qu’en Jésus Dieu s’est fait pleinement homme. Il est le Fils né de Dieu dans l’éternité ; il est aussi tout entier le fils de Marie, porteur de son héritage humain qui va bien au-delà de la chair, du sang et des chromosomes. Sa conception en Marie est le fruit d’un acte de foi dans lequel Marie s’est engagée tout entière : elle n’était qu’à Dieu et ne pourrait jamais être qu’à lui. C’est ainsi que la foi chrétienne refuse de penser que Dieu ait seulement eu besoin de Marie pour donner un corps à son Fils, un fils qu’elle aurait mis au monde sans qu’il soit pleinement son fils. Pour l’Évangile la “mère du Seigneur” est aimée la première et sur elle d’abord vient l’Esprit au début d’une œuvre de grâce où Dieu ne saura qu’aimer. Le texte nous a dit que Marie est déjà promise en mariage à Joseph, ce qui, selon la loi juive, leur donne tous les droits du mariage ( Matthieu 1.20). Mais dans cette société où la femme était toujours dépendante d’un homme, que ce soit son père, son mari, ou le fils quand elle était veuve, il y avait comme deux étapes. Promise à Joseph, elle était déjà sienne et il pouvait avoir des relations avec elle, mais elle restait sous le toit paternel. Au jour du mariage il la prendra en sa maison et alors elle dépendra légalement de lui. Seule Marie pouvait communiquer à l’Église primitive le secret de la conception de Jésus. Mais comment aurait-elle décrit une expérience si intérieure et comment l’aurait-on rapportée ? L’évangile nous transmet les mots et les figures bibliques qui l’ont aidée à exprimer cette rencontre de Dieu et à nous en parler. L’ange Gabriel. Gabriel était le nom d’un ange de première catégorie qui, dans le livre de Daniel venait annoncer l’œuvre du salut ( Daniel 8.16 ; 9.24). L’évangile veut donc nous dire que pour Marie tout a commencé avec la certitude qu’elle se trouvait à l’endroit et au moment où le sort du monde se décidait. Réjouis-toi. C’est l’invitation que les prophètes adressaient à la “fille de Sion”, la communauté des humbles espérant la venue du Sauveur ( Sophonie 3.14 ; Zacharie 9.9). Pleine de grâce. Le texte de l’Évangile dit de façon plus précise : aimée et favorisée. D’autres avaient été aimés, élus, favorisés, mais ici ce qualificatif devient comme le nom propre de Marie. Tu vas être enceinte. Ici l’évangile s’inspire de divers textes de l’Ancien Testament, les uns où est annoncé l’avenir d’un enfant qui vient de naître, les autres où Dieu donne une mission. Voir Genèse 16.1 ; Exode 3.11 ; Juges 6.11. Nous avons déjà rappelé Isaïe 7.14, annonçant celui qui serait Emmanuel, c’est-à-dire Dieu avec nous. Marie l’appellera Jésus ce qui veut dire : Sauveur. L’ange indique qui sera et que sera l’enfant à naître. Le peuple de Jacob, c’est le peuple d’Israël. Le sauveur attendu devait être “fils de David ( 2Samuel 7.14) : voilà pourquoi le texte a précisé (Luc 1.27) que l’époux de Marie était un descendant de David. Par son père adoptif, Jésus serait un “fils de David”.


Source: Bible des peuples