Lecture d'un commentaire (2850)


Jn 19,31

Commentaire: Au terme du récit de la Passion et de la Mort de Jésus, Jean ajoute le sceau personnel de son témoignage trois fois répété. Le Christ est mort. Le soldat donne le coup de lance, et du cœur transpercé de Jésus jaillissent du sang et de l’eau. C’est pour Jean l’instant où se révèle le sens du drame. C’était la préparation de la Pâque, et en ce vendredi après-midi, tout près du lieu des exécutions, les Juifs descendaient la colline vers le temple pour l’immolation de l’agneau pascal. Dans ce rituel du sacrifice pascal, il fallait que pas une goutte de sang ne soit perdue. Cette année, Jean ne s’est pas mêlé à cette foule, il est là, au pied de la croix avec Marie et quelques saintes femmes. Et voici que le soldat, comme le prêtre à la même heure au temple, saigne le Christ en croix jusqu’à la dernière goutte. Alors les yeux de Jean s’ouvrent : la parole prononcée jadis par Jean Baptiste sur les bords du Jourdain s’illumine soudain : “Voici l’Agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde” ( Jean 1.29). Le geste du soldat devient geste prophétique dévoilant le mystère de l’Agneau. Le sang rédempteur est versé, non plus sur l’autel du temple, mais sur la terre désormais renouvelée, vivifiée par le sang du Christ. Le sacrifice de l’agneau pascal inauguré par Moïse trouve aujourd’hui son accomplissement et sa transfiguration. Et comme le “sang et l’eau” de l’accouchement, le sang et l’eau jaillis du côté du Christ annoncent aujourd’hui les temps nouveaux dont le baptême et l’eucharistie sont les sacrements. Jean rappelle alors une autre prescription du rituel de l’agneau : Aucun de ses os ne sera brisé ( Exode 12.46). Le cœur ouvert de Jésus nous invite à découvrir le puissant et mystérieux amour qui a inspiré sa vie. Les disciples de Jésus qui ont partagé sa vie de tous les jours, vont voir leurs souvenirs et leurs émotions s’atténuer et disparaître avec le temps. Mais ils vont découvrir aussi qu’il n’y a pas eu une parole, un geste, ou un silence de Jésus qui n’exprime son amour pour Dieu. Le cœur ouvert par la lance est à l’origine de notre dévotion au Sacré-Cœur de Jésus. Ne nous perdons jamais en considérations pour expliquer notre foi : contemplons plutôt l’amour de Dieu et laissons-le nous transformer. Jésus vient de mourir entre deux bandits, et ce sont deux Pharisiens qui se préoccupent de lui donner une sépulture convenable. Joseph d’Arimathie intervint auprès de Pilate : parce que la situation sociale des disciples ne leur permettait pas d’approcher le gouverneur romain. Joseph et Nicodème étaient disciples “en secret”. Comme Jésus n’avait cessé de s’identifier avec les gens du peuple, il était difficile pour ceux d’une situation sociale plus élevée de s’intégrer à son groupe. Nous avons ici un exemple des conséquences inévitables de l’option préférentielle pour les pauvres. Le lieu des exécutions était une carrière abandonnée près des murs de Jérusalem. Des tombes avaient été creusées sur les côtés tandis que le fond de la carrière rempli de terre était occupé par des jardins (41). Au milieu se trouvait un rocher d’environ cinq mètres de haut qu’on appelait le Calvaire (c’est-à-dire le Crâne), et c’est là que s’élevaient les croix.


Source: Bible des peuples