Lecture d'un commentaire (2838)


Jn 17,6

Commentaire: On a souvent appelé cette prière de Jésus “la prière sacerdotale”. Elle l’est dans un sens par rapport à Jésus qui se sacrifie pour sanctifier les siens (voir les notes en Marc*10.45 et Marc*14.22). Mais aussi, dans un autre sens, Jésus prie pour le peuple qui jouera un rôle sacerdotal dans le monde, le peuple qui connaît Dieu selon la vérité, à qui Dieu s’est fait connaître, et qui joue un rôle unique dans le salut du monde. Dans le présent verset : Je parle de ceux que tu as pris dans le monde pour me les donner, il semble bien que Jésus oppose ceux qu’il a choisis et le milieu qui les entoure, comme il a fait en 6.43. Il pourrait s’agir de ceux de ses auditeurs que le Père a touchés pour qu’ils échappent à un monde mauvais et qu’ils soient sauvés. Pourtant, si nous lisons bien le v. 9 : je ne prie pas pour le monde mais pour ceux qui sont à toi, une autre interprétation se présente. Jésus reconnaît le plan mystérieux du Père qui se réserve d’appeler qui il veut pour constituer son peuple particulier sans pour autant disqualifier les autres — déjà, lorsque Dieu choisissait Israël, ce n’était pas pour abandonner les autres. Il y a donc d’une part ceux qui sont appelés, et il y a aussi le monde. Celui-ci n’est pas du tout identifié avec une “masse de perdition” (selon le mot de Saint Augustin, si généreux pour envoyer à l’enfer), mais il échappe aux prises de la révélation biblique. Ce monde, ce sont les trois quarts et demi de l’humanité, pour lesquels Dieu n’a pas voulu dire comment il les sauve, mais qui ont été brièvement évoqués à propos du Verbe-lumière en Jean 1.9 ; ils sont le monde que Dieu a tant aimé qu’il a donné son Fils unique ( Jean 3.16). Dans ce dernier texte comme ici même on pourrait comprendre que de ce monde ne seront sauvés que ceux qui croient, mais l’autre sens est le plus obvie : ceux qui voient le Christ et croient en lui auront dès à présent le salut chrétien et la vie éternelle, mais il n’est dit d’aucune manière que les autres sont condamnés. Et c’est ce monde qui croira lorsque les chrétiens seront, non seulement un, mais aussi en Dieu : 17.21 (pour ce verset certains manuscrits lisent : “Qu’ils soient eux aussi un en nous”). Il est certain cependant que le monde ne désigne pas seulement des personnes, mais tout le milieu et la culture dans laquelle le chrétien est immergé, et c’est ici que nous découvrons la vision très originale et profonde que Jean nous offre du salut apporté par le Christ : voir la note placée en Jean*3.16.


Source: Bible des peuples