Lecture d'un commentaire (2756)


Jn 6,33

Commentaire: JE SUIS DESCENDU DU CIEL Celui qui descend du ciel et donne la vie au monde, c’est lui le pain de Dieu. Sept fois dans ce chapitre nous trouvons ces mots : descendu du ciel. C’est assez pour nous faire comprendre que pour Jean cette affirmation est essentielle. Elle est très difficile à recevoir pour quiconque a une formation quelque peu rationaliste : comment le Fils, s’il est Dieu, peut-il descendre du ciel ? Au quatrième siècle on accusait les Nestoriens de diviser le Christ : ils insistaient tellement, disait-on, sur la réalité humaine de Jésus, qu’ils en faisaient une personne à part du Fils de Dieu. C’était un peu comme si du haut du Ciel le Fils éternel s’était uni étroitement à un homme qu’il pilotait en quelque sorte pour prendre à son compte tout ce que ferait cet homme exceptionnel. Que les Nestoriens aient commis ou non cette erreur, c’est un fait que nous-mêmes la commettons très habituellement. Il y a une façon très commune de parler de Jésus, qui met une grande distance entre lui et le mystère de Dieu où demeure le Fils éternel. Ici, comme il l’a fait en bien d’autres passages, Jean nous oblige à ne pas nous laisser égarer par nos formules. C’est bien le Verbe ou Fils de Dieu tout entier qui est descendu du ciel. Il ne s’est pas simplement uni intimement à un homme nommé Jésus : il est devenu cet homme. On dira : Le Fils ne peut pas perdre sa condition divine et la changer contre une condition humaine. Bien sûr, il ne perd pas sa nature divine, mais elle est tout entière dans sa façon d’être cet homme. Cet abaissement du Fils-Dieu ( Jean 1.18) ne peut que choquer notre raison et va à l’encontre de la conception de l’être divin telle qu’on la trouve chez les philosophes païens comme Aristote. Cependant on le retrouve dans tous les textes du Nouveau Testament qui nous parlent du mystère du Fils : voir Jean 3.32 ; 6.62 ; 8.14 et la note en Philippiens 2.6.


Source: Bible des peuples