Lecture d'un commentaire (2609)


Est 3,14

Commentaire: Cette “lettre d’Assuérus” est avec l’autre du chapitre 15 une des pages les plus remarquables du livre. Une première façon de la lire est d’y voir un modèle de ce que pensent, disent et écrivent les régimes totalitaires et les dictatures militaires de partout et de tous les temps. Celui qui, pour des raisons de conscience, refuse quelque exigence de ceux qui sont au pouvoir, est un traître envers sa patrie ou envers le peuple. Le livre montre comment ce totalitarisme recouvre une véritable idolâtrie des dirigeants considérés comme infaillibles. Il faudra toujours rappeler que les nations et leurs armées, ne sont que des moyens au service de la communauté internationale et de la paix, laquelle requiert des hommes et des consciences libres. Cette lettre accuse la liberté de conscience du peuple juif, liberté qui ne doit pas être moindre chez les chrétiens. Elle nous fait voir pourquoi les sociétés du passé, très peu respectueuses des droits de la personne humaine — même quand elles se voulaient chrétiennes — ne pouvaient pas tolérer les Juifs. Pour les mêmes raisons les chrétiens sont persécutés ou soumis à bien des contraintes aujourd’hui dans de grands pays, même démocratiques, où les majorités sont d’une autre religion. Mais il y a une autre lecture de cette lettre : l’auteur laisse apparaître les tensions qui opposaient les Juifs aux autres peuples au milieu desquels ils vivaient. Ils avaient habituellement une supériorité culturelle, et leur étroite solidarité était une véritable force ; cela leur valait tout à la fois admiration et envie. Leur mode de vie semblait étrange ( Sagesse 2.14-15), ce qui faisait naître des soupçons dont les conséquences pouvaient être tragiques. La fin du livre montrera que la confiance en Dieu de nos pères dans la foi pouvait recouvrir une violence sans limites.


Source: Bible des peuples