Lecture d'un commentaire (2338)


Ct 6,3

Commentaire: Je suis à mon aimé, et mon aimé à moi. Comme nous sommes loin de Moïse après dix siècles d’histoire sainte ! (Car le Deutéronome, qui parle aussi d’amour, attribue à Moïse beaucoup plus qu’il n’avait dit.) Mais c’est le message des grands prophètes. Rappelons cependant que pour eux la fiancée, l’épouse, est toujours la collectivité d’Israël, comme un tout. Seulement dans la communauté chrétienne (mais déjà dans certains Psaumes) la Bible sera lue comme l’histoire d’amour de Dieu avec des êtres humains : ceux qu’il a connus d’avance et sanctifiés. Il ne faudra pourtant pas séparer la recherche personnelle de Dieu et la vie de l’Église. L’auteur du Cantique a su exprimer à la fois son désir profond et l’attente d’Israël : nous voyons là, plusieurs siècles avant Saint Paul ( Colossiens 1.24), l’un des traits distinctifs de toute mystique chrétienne : celui qui aime se sent solidaire de l’Église et prend en charge même ses infidélités. Si Dieu se révèle comme Amour et Amant, ce n’est pas simple façon de parler : il nous dit ce qu’est sa nature même. L’éternité de Dieu est une fête de l’Amour, avec sa constante créativité d’où procèdent les Personnes du Fils et de l’Esprit, constamment réabsorbés dans la joie de cette union. Mais souvent on hésite à le penser et à le dire, tant on est obnubilé par l’idée que si Dieu est infiniment grand, il doit l’être un peu selon nos façons de voir grandeur et sagesse.


Source: Bible des peuples