Lecture d'un commentaire (2226)


Gn 11,1

Commentaire: Allons, descendons, et ici même mettons la confusion dans leur langage ! On trouverait difficilement dans la Bible un meilleur exemple que celui-ci pour souligner les deux faces du livre sacré, à la fois œuvre humaine et Parole de Dieu. L’auteur reporte sur Yahvé, sans la moindre gêne, les motivations que les mythes antiques attribuaient à leurs dieux : ceux-ci s’effrayent à voir les progrès de l’humanité. La société nouvelle venait les défier jusque dans leurs demeures célestes et leur quittait le sommeil avec tout son tapage : “Cela suffit, demain sera trop tard !” C’est que l’auteur, fortement imprégné des traditions nomades encore vivantes de son temps, réagissait fortement face à toute nouveauté capable de limiter la liberté du chef de famille ou de clan. Il n’aimait pas la politique centralisatrice de Salomon et il y retrouvait Babel. À Babylone on pouvait voir la grande tour à gradins, la ziggourat que couronnait un sanctuaire, mais à Jérusalem c’était l’appareil ostentatoire de la monarchie, laquelle s’était couronnée d’un temple et d’un appareil religieux inconnu dans la société égalitaire qui l’avait précédée. Donc, parole humaine dans son expression, mais aussi Parole de Dieu par la morale qu’on en tire : Dieu n’entre pas dans les plans d’unification quand la volonté de dominer remplace le sens de la communion.


Source: Bible des peuples