Lecture d'un commentaire (2225)


Gn 11,1

Commentaire: Il serait facile de montrer que ce récit de la Tour de Babel reproduit en partie des légendes sur Babel (Babylone), la plus célèbre capitale de l’époque avec ses bâtiments de brique et ses étranges tours qui semblaient inachevées. En 11.7 l’auteur biblique retient une expression ambiguë provenant de cette légende païenne où les dieux prennent peur de l’arrogance des hommes qui les menacent dans leur résidence céleste. Voici en quelques mots une vision très pessimiste du progrès et de la centralisation. Dieu a confié aux hommes la mission d’occuper toute la terre pour la faire fructifier ; dispersion sans doute, mais parlant un même langage. La découverte de nouvelles techniques ouvre l’âge des cités, la concentration urbaine donne les moyens d’entreprendre de grands travaux, elle éveille aussi les ambitions du pouvoir. Soif de domination et volonté de se protéger contre les menaces et les mauvais sorts : ce sont les ressorts secrets des grands empires. Muraille de Chine, course aux armements, impérialisme économique, les grands projets pour lesquels on a sacrifié des millions d’esclaves resteront inachevés. Dieu s’indigne : cette façon de faire l’humanité n’est pas celle qu’il a prévue. Lui va construire à partir des humbles et les commencements seront insignifiants ; ce sera d’abord l’appel d’Abraham, au chapitre suivant. La première promesse de Dieu à Abraham sera de rassembler toutes les nations dans sa descendance ( Genèse 12.3). Seul Dieu peut nous rassembler : quand à la Pentecôte l’Esprit Saint a pénétré le cœur des croyants (Actes 2), il les a fait se comprendre dans la langue unique de l’amour. Un seul peuple : ce sera l’Église. Tandis que le pécheur travaille seul et développe une culture oppressive, ceux qui croient construisent avec Dieu, grâce à la communication et à la communion dans l’Esprit (Éphésiens 2.14-22). La diversité des langues humaines intriguait alors, tout comme la diversité des cultures ; on pense aujourd’hui que l’homme parle depuis plusieurs dizaines de milliers d’années ; mais une langue est toujours en évolution, davantage encore lorsque l’écriture n’est pas là pour la fixer. En un temps ou des groupes humains peu nombreux, éparpillés sur les continents, vivaient presque sans contact les uns avec les autres, il suffisait de quelques générations pour que les langues se multiplient à l’infini.


Source: Bible des peuples