Lecture d'un commentaire (2164)


Gn 6,5

Commentaire: Dieu ne se laisse pas mener comme nous par les illusions ou le pessimisme, mais il n’est pas non plus indifférent à la méchanceté des hommes. Il fait le nécessaire pour assurer l’avenir de la Création, même quand il doit se servir de moyens radicaux. En fait, il semble parfois que la seule solution pour Dieu serait d’en finir avec le monde actuel. Telle est bien l’intention que l’auteur prête à Dieu dans le déluge, sauf qu’il ne détruit pas tout. Il sauve Noé, le juste, pour qu’une race sainte naisse de lui. Tout au long de l’histoire sainte, même quand Dieu appelle les pires désastres sur son peuple infidèle, il préserve un Reste (Isaïe 4.2-6 ; 6.13). C’est ainsi que Dieu choisit Noé parmi tous les fils d’Adam ; plus tard, il choisira Abraham parmi les descendants de Noé ; puis David parmi les enfants d’Abraham, et finalement, un des fils de David, le Christ, le représentant et le sauveur de tous les hommes. La Bible fait ressortir ce contraste : tandis que le péché d’un seul homme, Adam, s’étend à tous et fait dévier le progrès des civilisations, Dieu, au contraire, concentre peu à peu toute son attention sur un seul peuple, une famille, et enfin un seul homme qui nous sauvera tous (Romains 5). Comme Noé, le croyant est celui qui entre volontiers dans les plans de Dieu et coopère avec lui au salut du monde. Il ne suffit pas de dire : “J’ai ma foi.” Est-ce que cette foi me conduira à me sacrifier pour changer le monde ? Face aux négligents, aux paresseux et aux corrompus, Noé, l’homme de foi, se met au travail ; il ne doute pas et ne se décourage pas tout le temps qu’il construit son gros bateau, ridicule et apparemment inutile. Le moment vient où Dieu élimine ceux qui n’ont pas voulu prévoir, qui ont préféré vivre dans l’immédiat plutôt que de préparer l’avenir comme Dieu les y invitait (Michée 3.9-12 ; Sophonie 2.1-3 ; Matthieu 24.38). L’histoire du déluge est mentionnée plusieurs fois dans le Nouveau Testament ( 1Pierre 3.10 ; 2Pierre 2.5). Elle nous enseigne que Dieu veut renouveler notre monde de pécheurs. Aujourd’hui tout spécialement nous pouvons être inquiets quand nous voyons l’extension de certains maux, qu’il s’agisse de la drogue, de l’absence totale de formation morale chez un grand nombre de jeunes à qui leurs aînés n’ont enseigné qu’à jouir de la vie. L’histoire nous montre que les crises arrivent à leur temps pour purifier en éliminant. Ne craignons pas : un reste toujours échappera à la tourmente et bâtira du neuf. Mais des pans entiers de notre culture, viciée en profondeur, sombreront. Il faudra, pour commencer, que disparaisse la suffisance inscrite dans notre humanisme : nous devrons reconnaître que nous avons besoin d’un sauveur. Dans un certain sens, l’Église est “l’Arche” dans laquelle nous entrons par la foi et le baptême, où nous sommes accueillis par le Christ, le nouveau Noé. Nous aurions évidemment tort de nous enfermer dans l’Église comme dans le refuge de ceux qui sont sauvés, et, de là, condamner tout ce qui se fait dans le monde en oubliant que nous avons pour mission de sauver ce monde ( Jean 3.17). Mais nous ne devons pas oublier que l’Église est l’espérance du monde et que rien de ce que l’homme a construit ne peut entrer dans le Royaume, sans passer par les eaux qui détruisent et purifient. Le récit de Noé dans la Bible provient de très anciennes traditions du Moyen Orient reprises pour la première fois à l’époque du roi Salomon. Beaucoup plus tard, les prêtres juifs ont ajouté les paragraphes imprimés en italiques.


Source: Bible des peuples