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Gn 4,15

Commentaire: Justice et vengeance Dès les premières pages de la Bible nous trouvons une dénonciation de l’engrenage de la violence. Ceux qui veulent se venger des Caïns ignorent que la violence est inscrite dans la nature humaine et qu’elle se mêle très habituellement au désir de justice. La victime d’aujourd’hui sera demain l’oppresseur (Isaïe 14.1-2 ; Psaume 137.9). La Bible rappellera bien des fois que Dieu est le Dieu juste et que toujours il fait justice. “Il se venge”, disent nos textes, mais il serait plus exact de traduire : “il prend sa revanche” ( Isaïe 61.2), vu que le mot vengeance fait penser habituellement à une soif de dominer et d’avoir raison. Dieu n’a aucun désir de s’imposer ou d’avoir raison : notre méchanceté, ou notre orgueil, ou nos blasphèmes pourraient-ils le gêner en quoi que ce soit ( Marc 3.28) ? La justice de Dieu est sa qualité première, pour parler en termes humains ; c’est la réalisation d’un plan qui exprime dans le monde et dans l’histoire un ordre inscrit dans l’être éternel de Dieu. Dire que sa justice passe avant toute autre considération n’est pas nier sa miséricorde infinie mais rappeler que son pardon n’est jamais une démission (Exode 32.33-35). En plusieurs endroits l’Écriture nous dit à la fois que Dieu pardonne et qu’il fera payer ( Exode 20.5). Il n’a pas de rancœur et tout sera pour le bien de celui qui a péché ; mais il faut payer le prix pour réhabiliter le coupable et pour rétablir dans le monde un trésor d’amour et don de soi qui peut bien croître, mais jamais ne pourra être mis à mal. Dans le présent texte Dieu condamne la vengeance et de façon plus précise les vendettas familiales ou tribales qui ignorent les chemins de la justice. Mais ce n’est pas assez dire : tout ce que nous faisons pour nous venger, pour prendre en mains notre cause ne peut que paralyser l’intervention de Dieu en notre faveur. Le devoir de lutter contre l’injustice n’est jamais plus urgent que celui d’entendre le petit avertissement de l’Évangile : “Si quelqu’un veut te prendre ta tunique…” ( Luc 6.29). Ici nous nous heurtons au mystère de Dieu. Lui laisser l’initiative de nous défendre, c’est toujours une façon de lui lancer un défi, et il aime ce genre de défis.


Source: Bible des peuples