Lecture d'un commentaire (2156)


Gn 4,9

Commentaire: Suis-je le gardien de mon frère ? Caïn n’avait-il pas d’excuses ? La légende que la Bible a reprise et retournée faisait de lui le plus fort et le constructeur d’un peuple. Aucun désir de justice ne peut empêcher les lois de la nature et la réussite du plus fort. Il y a eu et il y a encore des sociétés tranquilles et des races agressives, en d’autres mots, des végétariens et les prédateurs. Les invasions dont parle l’histoire ont été le fait de races conquérantes qui aujourd’hui dominent le monde. Et c’est un fait aussi qu’après la christianisation de ces “barbares” l’Évangile s’est étendu grâce à eux. Leurs conquêtes dans les domaines les plus divers ont fait avancer l’humanisation du monde, mais très souvent, seuls les plus forts en ont profité. Elles ont détruit sans remède les cultures et les espaces d’humanité que les autres avaient patiemment construits. L’écart toujours plus grand entre une minorité de riches et des miséreux devenus multitudes, remet à l’ordre du jour la question des responsabilités du plus fort. Les prophètes se sont trouvés face à des situations semblables quand le royaume d’Israël a vu l’accaparement, souvent légal, des terres par une minorité de riches (Isaïe 10.1-4 ; Michée 2.1-10). Il est sans doute plus difficile aujourd’hui de désigner des bons et des méchants, car les profiteurs sont souvent ceux à qui leur conscience chrétienne repose, comme à Zachée, la question : “Qu’as-tu fait de ton frère”. L’Évangile proclamé, vécu à la face du monde ou dans le secret, fera certainement surgir, une fois de plus, des prophètes et des révolutions morales.


Source: Bible des peuples