Lecture d'un commentaire (2151)


Gn 3,22

Commentaire: Voici que l’homme est devenu comme l’un de nous. Cette réplique de Dieu, qui s’indigne de ce qu’Adam se soit hissé au niveau des “fils de Dieu”, ou “êtres divins”, provient directement des mythes babyloniens dont l’auteur a repris les images. Faut-il en conclure simplement que ces expressions doivent être mises sur le compte des limites de l’auteur sacré, limites que Dieu respecte ? Peut-être. Pourtant nous vient à l’esprit la parole si ferme de Jésus en Jean 10.35 : On ne peut changer l’Écriture. Peut-être cette expression ingénue, égarée dans le livre de la foi, est-elle restée là pour nous ouvrir une autre piste. L’interprétation la plus obvie voyait dans la connaissance interdite à Adam l’art de vivre et le bonheur que l’on cherche loin de la loi de Dieu ; pourtant il y a une autre façon de regarder le texte sacré. Le commandement imposé sous peine de mort ne met en jeu que l’autorité de Dieu, d’une part, et en face, l’obéissance d’Adam. Il est vrai que la foi est obéissance, mais elle est beaucoup plus que cela, et l’on atteint rarement sa maturité sans avoir cherché à savoir ce qu’il y avait derrière les portes défendues. La sagesse de Dieu, tout autant que sa passion amoureuse, voient ce que les catégories du bien et du mal ne peuvent embrasser. Dieu, qui est présent dans le fond de notre liberté, jouit avant tout du jeu qu’il mène avec notre besoin de savoir, de découvrir, d’éprouver notre autonomie, d’expérimenter l’amour et d’enfreindre les règlements. Dans cette seconde interprétation, qui ne renie pas la première, Dieu a mis le couple à l’épreuve de sa liberté, sachant que c’était un jeu dangereux, et il l’a averti. L’homme a voulu cueillir la connaissance et il accède au niveau des “immortels”. Vous serez comme des dieux, disait le serpent, et c’est plus qu’à moitié vrai, mais dans un monde dominé par l’esprit du mal, cette connaissance mènera à la mort. Dieu désapprouve plus qu’il ne condamne : il ne cédera pas sur ce qui est essentiel à l’ordre de sa justice : l’homme ne s’emparera pas de l’immortalité. L’immortalité était offerte dans le jardin et l’œuvre rédemptrice de Jésus nous l’apportera. En attendant, il y a la faute “bienheureuse”, comme dit la liturgie, et les scandales “nécessaires”, comme dit l’évangile ( Matthieu 18.7).


Source: Bible des peuples