Lecture d'un commentaire (2139)


Gn 2,4

Commentaire: Le texte dit : “Voici la généalogie des cieux et de la terre quand ils furent créés”. Mais en hébreu la généalogie ne désigne pas d’abord la chaîne des ancêtres, comme dans le langage actuel, c’est la chaîne des générations qui s’ensuivront. Les chapitres qui viennent diront ce qui a résulté de la création du chapitre premier.
À la suite de la “mise en ordre du monde” qui occupe le premier chapitre de la Genèse, la Bible nous présente un récit beaucoup plus ancien : l’homme et la femme dans le paradis terrestre. Pour nous c’est comme le rêve d’un bonheur perdu, mais ce n’est pas ainsi que l’entendait son auteur. En ce temps on ne disait pas : Où allons-nous ? On pensait que dans le passé, au commencement, Dieu, ou les dieux, avaient établi toutes choses comme elles devaient être, et c’est alors que tout allait bien. Cette histoire du premier couple était donc comme le miroir où l’on voulait retrouver l’homme présent, ses choix et son avenir. Ne rêvons donc pas d’un premier homme du genre Adam-Tarzan, dont le gros péché aurait valu à l’humanité toutes ses épreuves. Certains des premiers “Pères de l’Église”, comme Saint Irénée, voyaient plus juste quand ils regardaient l’histoire humaine comme conduite par la pédagogie de Dieu dont toute l’ambition était de faire grandir “Adam”, c’est-à-dire l’Humanité, et l’amener à son âge adulte ( Éphésiens 4.13). Yahvé, le Dieu Saint, est ici le propriétaire d’un merveilleux jardin (Éden veut dire : délices) où il aime se promener après la chaleur (3.8). Nous n’avons pas besoin d’imaginer une scène immense : il n’y a que deux arbres, l’homme et sa compagne. Les animaux ne font que passer pour recevoir le nom que l’homme leur donnera : cela signifie qu’ils lui seront soumis. Cependant, si petit que soit l’Éden du couple humain, ce qui va s’y passer déterminera le sort de toute la terre. Ainsi, au début du récit, la petite fontaine d’Éden alimente les grands fleuves du monde, entre autres l’Euphrate et le Guihon, séparés de fait par des milliers de kilomètres. Yahvé, bon artisan, travaille l’argile de ses propres mains, regardant celui qui ne peut pas encore le connaître et le préparant à recevoir souffle et vie de son propre “souffle”. Harmonie de l’homme avec l’univers créé : l’Éden, c’est la nature en miniature, et le couple humain uni, c’est la nature entière dans l’ordre. L’homme est mis dans le jardin pour le cultiver : l’humanité se construira en même temps qu’elle prendra possession du monde ; elle peinera pendant de longs siècles afin de se développer, de se connaître et de savoir ce dont elle est capable. Dieu s’est éloigné, mais l’homme vit par grâce de Dieu (l’arbre de vie était considéré comme le privilège des dieux), dont le souffle le maintient éveillé pour qu’il ne s’endorme pas ou ne retourne pas d’où il vient. Si l’Esprit l’abandonnait, en quelques minutes ou quelques générations, il retournerait à la poussière : l’homme, c’est-à-dire, toi et moi, les familles et la civilisation. On peut proclamer la mort de Dieu, mais de fait c’est l’homme sans Dieu qui meurt avec ses œuvres.
L'Évolution et la Bible Nous savons déjà que ce récit ne prétend d’aucune façon décrire l’apparition de la race humaine et donc ne peut être en conflit avec la science. Si maintenant nous demandons : Quelle a été la préhistoire de la race humaine ? Comment est-elle reliée aux autres formes de vie animale ? ce sont des questions que ces hommes ne se posaient pas et la Parole de Dieu n’a pas de réponse à ce sujet. Dieu nous laisse chercher nous-mêmes : c’est ce que font les scientifiques. Certains sont choqués de ce que l’homme soit tiré de la boue : mais dans la littérature de l’Ancien Orient, c’est toujours de la boue que les dieux modelaient les êtres vivants. L’auteur de ce récit a suivi le folklore de son temps, donnant aux vieilles légendes un sens nouveau. D’autres sont tellement impressionnés par les théories matérialistes — déjà bien vieillies — et l’usage qu’elles ont fait de l’évolution, qu’il faut ici en dire un mot. Lorsqu’on croit voir une opposition entre la foi et la vision d’un monde en évolution, cela tient habituellement à ce qu’on confond 3 questions fort différentes : 1. Y a-t-il eu une évolution de tout l’univers et en particulier des êtres vivants ? Peut-on dire que toutes les espèces actuelles ou disparues font partie d’une même famille et proviennent les unes des autres ? Aujourd’hui, tous ceux qui ont étudié les faits donnent une réponse affirmative. 2. Quelles sont les causes d’une telle évolution ? Il faut avouer qu’on n’en sait rien. On connaît les causes de quelques petites évolutions, mais jusqu’ici on ne voit rien qui puisse rendre compte de l’essentiel de l’évolution. Et de là découle la réponse à la troisième question : 3. Les théories de l’évolution s’opposent-elles à la foi ? Ces théories ne sont déjà plus de la science sinon de la philosophie ou de l’imagination, même si elles ont été formulées par des hommes de science fort éminents, comme était Darwin. Un croyant ou un matérialiste aura toute liberté pour soutenir des points de vue opposés Une dernière observation. Ce qui est merveilleux dans l’homme, c’est que chacun reçoit de Dieu l’esprit qui fait de lui une personne. Cela ne change rien que nous devions notre corps à des parents humains alors que les premiers hommes le tenaient d’ancêtres animaux. Dieu a voulu que l’évolution des êtres vivants aboutisse à l’homme, lequel, en fait, est premier dans son plan.


Source: Bible des peuples