Lecture d'un commentaire (2086)


Col 1,15

Commentaire: Le Christ, principe et fin de l’univers Il est facile de voir que le passage 1.15-20 est un hymne. C’est un peu comme une parenthèse dans le texte, car sans lui on passerait très normalement du verset 14 au verset 21, mais on ne peut pas dire qu’il a été inséré plus tard dans la lettre de Paul, car il sert de conclusion à la prière qui le précède et il s’enchaîne le plus naturellement du monde avec ce qui suit. La seule raison pour douter que cet hymne soit de Paul est que sa foi en la divinité du Christ dérange les certitudes de certains auteurs : voir la note sur les Lettres de la captivité. Cette présentation de la place centrale qu’occupe le Christ dans le plan de Dieu mérite qu’on s’y arrête. Tout le plan de Dieu créateur est centré sur le Fils ; il était déjà présent en Dieu comme l’image du Père ; après sa résurrection il devient la tête de ce peuple particulier de Dieu qu’est l’Église, mais en même temps il est le centre autour duquel se meut toute notre histoire et c’est en lui que l’univers entier atteindra son unité. Tout l’arrière plan de Paul est biblique. Au livre des Proverbes, dans la partie la plus récente qui doit remonter au 2ème ou au 3ème siècle avant le Christ, on lisait un poème sur la Sagesse ( 8.22) où celle-ci est présentée comme une personne : elle désigne le plan actif de Dieu sur sa création, antérieur à l’univers, origine de tout ce qu’il y a d’ordre, de beauté et d’harmonie dans le monde. Elle descend parmi les hommes, car c’est là qu’elle se trouve le mieux à sa place, et elle s’installe en Israël pour y inspirer les sages. Dans le livre de Sirac on trouvera de même un poème sur la Sagesse (24.1-29) où elle est de nouveau personnifiée. Le sens en est un peu changé : la Sagesse désigne cette fois l’esprit de la Loi. Elle est descendue du ciel où elle célébrait le culte divin dans son sanctuaire céleste, et elle a pris racine à Jérusalem : c’est elle qu’on retrouve, comme incarnée, dans le Livre de la Loi. La même idée se retrouve en Baruch 4.1. On pourra comparer ces textes. Même si l’hymne des Colossiens leur doit son mouvement, il s’en dégage et se montre beaucoup plus audacieux : le premier-né de Dieu, comme l’était la Sagesse en Proverbes 8.22, est venu parmi les hommes, non comme un esprit ou une loi, mais fait homme, mort et ressuscité.


Source: Bible des peuples