Lecture d'un commentaire (2059)


Ap 19,1

Commentaire: LA BABYLONE DE TOUJOURS Pour Jean la bête représentait le pouvoir politique de l’Empire Romain, et il a annoncé sa chute : et penser que durant des siècles l’Occident chrétien n’a cessé de rêver à ce monde perdu ! Le seul nom de Rome évoquait l’empire le plus prestigieux. Des peuples nombreux avaient été conquis et intégrés sous une autorité forte soumise à la loi et liée à un ordre moral. La “paix romaine” avait permis l’extension d’une culture dont nous sommes les héritiers, mais en revanche l’afflux des richesses du monde y engendrait la corruption. Tous ceux qui n’acceptaient pas la paix et les règles du jeu que la nation la plus développée voulait leur imposer étaient détruits sans ménagements. En faisant de l’affrontement de l’Église et de l’Empire le thème de ces chapitres, Jean nous invite à penser que cette lutte est une donnée permanente de l’histoire : Rome morte, Babylone reparaîtra. Beaucoup ont voulu l’identifier avec leurs adversaires politiques, mais le démon ne se range dans aucun camp. À côté des persécutions sanglantes que l’Église connaît, il y en a une autre qu’on ignore parce qu’elle sait se dissimuler, et que des pays tout puissants mènent avec d’énormes ressources. Aujourd’hui encore le christianisme s’identifie en partie avec le monde occidental, lequel propage à travers le monde des valeurs chrétiennes, même sans le vouloir. Mais en même temps il se fait l’apôtre d’un libéralisme étroitement lié au règne de l’argent. C’est des pays réputés chrétiens que se répandent les influences les plus corruptrices et pernicieuses pour la santé morale des peuples. Par ailleurs, leur supériorité technique leur permet de dépouiller sans violence apparente les autres nations pendant qu’ils leur prêchent les principes qui conviennent à leurs propres intérêts. La Babylone du XXe siècle ne s’identifie donc pas avec quelque pays méchant et diabolique : elle se trouve là même où les communautés chrétiennes sont nombreuses, luttant et donnant leur témoignage. Dans la mesure où l’Église regarde les hommes et le monde avec les yeux et le cœur des pauvres, elle ne peut attendre que la guerre de la part du Maître et des maîtres de ce monde.


Source: Bible des peuples