Lecture d'un commentaire (2003)

Commentaire: L’expression : les habitants de la terre se lit dix fois dans l’Apocalypse, un mauvais chiffre. Pour ne pas dépasser le nombre, Jean a l’a remplacée par une formule équivalente en 13.2. Ces habitants de la terre désignent la grande majorité, ceux qui suivent le troupeau, ses chefs et ses médias. Ils ne sont pas des mauvais, et ce n’est pas un groupe aux frontières stables : ils vivent au rythme du monde et sont capables de bien des bonnes choses, mais dans les moments de crise et de scandale, ils cherchent la sécurité, physique ou morale, et le démon trouve chez eux son public. (Nous-mêmes en français, quand nous disons : les gens, nous ne pensons pas à des héros). Car ils sont toujours très peu nombreux ceux qui sont capables de critiquer les vérités admises ou imposées, et ensuite, d’adopter publiquement une position courageuse. Lorsque Jean écrivait, la décision redoutable était le refus de sacrifier aux idoles de l’autorité romaine ; aujourd’hui, en bien des pays, c’est le refus d’entrer dans l’engrenage de la consommation, avec la destruction des peuples, des familles et, des personnes. Le grand nombre suit, ignore le sentier étroit et se perd. Dieu est Père et veut que tous soient sauvés : nous ne savons pas comment il mène à leur terme ceux qui n’ont pas eu le courage de regarder la vérité en face et qui d’une façon ou d’une autre ont participé à la persécution. Sans doute faut-il parler d’une Purgation terrible et nécessaire plutôt que de se lancer sur la voie des réincarnations. Mais ici l’Apocalypse montre le chemin direct et abrupt, celui des martyrs, et tout le livre fera leur éloge car ce sont eux qui ont vaincu le monde ( Jean 16.33 ; Apocalypse 15.2). L’Apocalypse rappelle la supériorité de cette vocation, même si elle sait que tous n’y sont pas appelés. Elle annonce joie et vie éternelle à ceux qui ont sacrifié leur vie, souvent dans l’ombre, couverts du mépris de ceux qui les entouraient, parfois désavoués comme Jésus par les responsables du peuple de Dieu. Pendant que les autres s’installaient sur la terre, eux ont misé sur le ciel. Pensons aux millions de chrétiens soumis à un régime de persécution dans des pays immenses où d’autres religions — à moins que ce ne soit la haine des religions, les condamnent à une vie inférieure, au milieu d’humiliations et de répressions constantes.

Source: Bible des peuples