Lecture d'un commentaire (1941)


Ac 28,30

Commentaire: Ces débuts de la prédication de Paul à Rome sont une sorte de résurrection : voir la note en Actes*20.22 sur le parallèle établi par Luc entre la passion de Jésus et celle de Paul. L’attitude de Junius qui en 28.16 autorise Paul à prendre un logement particulier montre qu’il le considérait comme un homme assuré de gagner son procès. Si Luc avait été témoin de l’apostolat de Paul à Rome, s’il avait su quelque chose de son voyage en Espagne qui était peut-être la raison majeure de son passage à Rome ( Romains 15.24), on ne voit pas pourquoi il n’en aurait rien dit. Luc n’aurait pas laissé son livre dans cet état, il lui aurait imposé une autre structure s’il avait connu la mort de Paul, laquelle doit se placer entre 64 et 67. Et il n’aurait pas parlé comme il l’a fait, aussi bien de Jérusalem, du Temple, du pouvoir romain, s’il avait connu la guerre juive des années 66-70 ou la terrible persécution contre les chrétiens en 64 après la prise du pouvoir effectif par Néron. Cela suffit pour situer la composition de son livre, ce qui n’exclut pas ensuite des retouches sur un livre déjà publié. Si l’on a vu à quel travail de composition Luc s’obligeait, on imagine volontiers qu’après avoir terminé son récit il lui venait à l’esprit la possibilité d’affiner tel ou tel parallèle, de calculer le nombre de ses verbes, de donner à ses paragraphes une structure concentrique, de suggérer un rapport avec tel ou tel texte d’Écriture… — ce qui ne voulait pas dire : inventer et falsifier les témoignages. L’Évangile de Luc était déjà écrit, comme le montrent les parallèles établis par lui entre l’évangile et les Actes.


Source: Bible des peuples