Lecture d'un commentaire (19213)


Esd 1,8

Commentaire: LES FESTIVITÉS À SHUSHAN (SUITE)
Le but du roi était de permettre à chaque invité de suivre le penchant de son cœur. Lorsque Assuérus donna l'ordre aux officiers de sa maison de «faire selon le bon plaisir de chacun», (Esd 1,8) Dieu s'irrita contre lui: «Espèce de scélérat, peux-tu faire selon le bon plaisir de chacun ? Si deux hommes aiment la même femme, peuvent-ils tous deux l'épouser ? Deux navires partent ensemble d'un port, l'un désire un vent du sud, l'autre un vent du nord. Peux-tu produire un vent qui satisfasse les deux ? Le lendemain, Haman et Mardochée se présenteront devant toi. Sauras-tu te ranger du côté des deux ?». (19)
Les festivités se déroulaient dans les jardins royaux. Les branches supérieures des grands arbres étaient entrelacées de manière à former des voûtes, et les plus petits arbres au feuillage aroMtque étaient arrachés du sol et placés dans des tentes construites avec art. D'un arbre à l'autre s'étendaient des rideaux de byssus, de blanc et de bleu saphir, de vert vif et de pourpre royale, attachés à leurs supports par des cordes dépendant de poutres rondes en argent, celles-ci reposant à leur tour sur des piliers de marbre rouge, vert, jaune, blanc et bleu scintillant. Les divans étaient faits de draperies délicates, leurs cadres reposaient sur des pieds d'argent et les tringles qui y étaient attachées étaient en or. Le sol était carrelé de cristal et de marbre, souligné de pierres précieuses, dont l'éclat illuminait la scène de loin en loin. (20)
Le vin et les autres boissons ne se buvaient que dans des vases d'or, mais Assuérus était si riche qu'aucune coupe ne servait plus d'une fois. (21) Mais si magnifiques que fussent ces ustensiles, lorsque les vases sacrés du Temple furent apportés, la splendeur de l'or des autres s'estompa ; il devint terne comme du plomb. Le vin était dans tous les cas plus vieux que le buveur. Pour éviter l'intoxication par des boissons inhabituelles, on servait à chaque invité le vin de son pays d'origine. D'une manière générale, Assuérus suivit la tradition juive plutôt que la tradition perse. Il s'agissait d'un banquet plutôt que d'une beuverie. (22) En Perse, une coutume prévalait selon laquelle chaque participant à un banquet de vin devait vider un énorme gobelet dépassant de loin la capacité de consomMton de tout être humain, et il devait le faire, même s'il perdait la raison et la vie. La fonction de majordome était donc très Lcrative, car les invités à ces fêtes avaient l'habitude de le soudoyer pour obtenir la liberté de boire aussi peu qu'ils le souhaitaient ou qu'ils l'osaient. Cette habitude perse de contraindre à l'excès de boisson fut ignorée lors du banquet d'Assuérus ; chaque convive fit ce qu'il voulait. (23)
La générosité royale ne se manifesta pas seulement par la nourriture et la boisson. Les invités du roi purent également s'adonner aux plaisirs de la danse s'ils le souhaitaient. Pour que le plaisir des participants ne soit pas gâché par la séparation d'avec leur famille, tous étaient autorisés à emmener leur famille avec eux, (25) et les Mchands étaient libérés des taxes qui leur étaient imposées. (26)
Assuérus était tellement sûr de son succès en tant qu'hôte qu'il osa dire à ses invités juifs: «Votre Dieu sera-t-il capable d'égaler ce banquet dans le monde futur ?» Ce à quoi les Juifs répondirent: «Le banquet que Dieu préparera pour les justes dans le monde à venir est celui dont il est écrit: «Nul œil ne l'a vu, sinon celui de Dieu ; il l'accomplira pour ceux qui l'attendent. Si Dieu nous offrait un banquet semblable au tien, ô roi, nous dirions: C'est un banquet comme celui-ci que nous avons mangé à la table d'Assuérus. (27)


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg