Lecture d'un commentaire (19197)


Ba 1,1

Commentaire: LES TOMBES DE BARUCH ET D'EZEKIEL
La piété de Baruch et la grande faveur dont il jouissait auprès de Dieu furent connues des générations suivantes, bien des années après sa mort, par les événements merveilleux liés à son tombeau. Un prince babylonien demanda à un juif, Rabbi Salomon, de lui montrer le tombeau d'Ezéchiel, au sujet duquel il avait entendu des récits remarquables. Le juif conseilla au prince d'entrer d'abord dans le tombeau de Baruch, qui jouxtait celui d'Ezéchiel. S'il y parvenait, il pourrait tenter la même chose avec le tombeau d'Ezéchiel, le maître de Baruch. (72) En présence de ses grands et de son peuple, le prince essaya d'ouvrir le tombeau de Baruch, mais ses efforts furent vains. Quiconque y touchait était aussitôt frappé de mort. Un vieil Arabe conseilla au prince de demander aux Juifs de lui ouvrir la porte, car Baruch avait été juif et ses livres étaient encore étudiés par des Juifs. Les Juifs se préparèrent par des jeûnes, des prières, des pénitences et des aumônes, et ils réussirent à ouvrir la tombe sans encombre. On trouva Baruch couché sur un cercueil de marbre, et l'aspect du cadavre était tel qu'on eut dit qu'il venait à peine de s'éteindre. (73) Le prince ordonna que le cercueil soit transporté dans la ville et que le corps y soit enseveli. Il pensait qu'il n'était pas convenable qu'Ezéchiel et Baruch reposent dans le même tombeau. Mais les porteurs se trouvèrent dans l'impossibilité d'éloigner le cercueil de plus de deux mille aunes de la tombe d'origine ; même avec l'aide de nombreux animaux de trait, il ne put être poussé un seul pas plus loin. Suivant les conseils de Rabbi Salomon, le prince décida d'enterrer le cercueil à l'endroit qu'ils avaient atteint et d'y ériger une académie. Ces événements miraculeux incitèrent le prince à se rendre à la Mecque. Là, il fut convaincu de la fausseté du mahométanisme, dont il était jusqu'alors adepte, et se convertit au judaïsme, lui et toute sa cour.
Près de la tombe de Baruch pousse une espèce d'herbe dont les feuilles sont couvertes de poussière d'or. Comme l'éclat de l'or n'est pas facilement perceptible de jour, les gens cherchent l'endroit la nuit, marquent l'endroit même où pousse l'herbe, et reviennent de jour pour la cueillir. (74)
Non moins célèbre est le tombeau d'Ezéchiel, situé à deux mille aunes de celui de Baruch. Il est surmonté d'un magnifique mausolée érigé par le roi Jeconiah après que Evil-Mérodac l'eut libéré de sa captivité. Le mausolée a existé jusqu'au Moyen-Âge et portait sur ses murs les noms des trente-cinq mille Juifs qui ont aidé Jeconiah à ériger le monument. Il fut le théâtre de nombreux miracles. Lorsque de grandes foules s'y rendaient pour vénérer la mémoire du prophète, la petite porte basse du mur entourant le tombeau s'élargissait en largeur et en hauteur pour laisser entrer tous ceux qui le désiraient. Un jour, un prince fit le vœu d'offrir un ânon à la tombe du prophète, si sa jument, qui était stérile, voulait bien en porter un. Lorsque son vœu se réalisa, il ne tint pas sa promesse. La pouliche parcourut une distance équivalente à quatre jours de voyage jusqu'au tombeau, et son propriétaire ne put la récupérer qu'en déposant sa valeur en argent sur l'autel. Lorsque les gens partaient pour un long voyage, ils avaient l'habitude de porter leurs trésors sur la tombe du prophète et de le prier de ne les laisser emporter que par les héritiers légitimes. Le prophète accédait toujours à leur requête. Un jour, alors que l'on tentait d'enlever des livres de la tombe d'Ezéchiel, le ravageur devint soudain malade et aveugle. Pendant un certain temps, une colonne de feu, visible à une grande distance, s'éleva au-dessus de la tombe du prophète, mais elle disparut en raison de la conduite inconvenante des pèlerins qui s'y rendaient.
Non loin de la tombe d'Ezéchiel se trouvait celle de Barozak, qui apparut un jour en rêve à un riche juif. Il lui parla ainsi: «Je suis Barozak, l'un des princes qui ont été emmenés en captivité avec Jérémie. Je suis l'un des justes. Si tu m'ériges un beau mausolée, tu seras béni par ta descendance.» Le Juif fit ce qu'on lui avait demandé, et celui qui n'avait pas eu d'enfants devint père peu de temps après. (75)


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg