Lecture d'un commentaire (19154)


1R 11,29

Commentaire: JEROBOAM
Jéroboam était le véritable disciple (6) du grand prophète Achija (Ahija). Sa doctrine était aussi pure que le nouveau vêtement qu'Ahijah portait lorsqu'il rencontra Jéroboam près de Jérusalem, et son savoir dépassait celui de tous les érudits de son temps, à l'exception de son propre maître, Ahijah, qui était le seul. Le prophète avait l'habitude de discuter avec Jéroboam d'amours secrètes et de sujets de la Torah dont l'existence était totalement inconnue des autres. (7)
Si Jéroboam s'était montré digne de sa haute position, la durée de son règne aurait égalé celle de David. (8) C'est son orgueil qui le conduisit à la destruction. Il érigea les veaux d'or en objets d'adoration pour le peuple, afin de le détacher de son habitude de se rendre en pèlerinage à Jérusalem. Il savait que dans le Temple, seuls les membres de la maison royale de David avaient le privilège de s'asseoir. Aucune exception ne serait faite en faveur de Jéroboam, et il devrait donc rester debout tandis que Roboam serait assis. Plutôt que d'apparaître en public comme le subordonné du roi de Judée, il introduisit le culte des idoles, ce qui lui assura toutes les prérogatives royales.
Dans l'exécution de son plan, il procéda avec beaucoup d'astuce, et sa réputation d'érudit et de saint pieux lui fut d'un grand secours. Voici sa méthode: Il fit asseoir un homme impie à côté d'un homme pieux, puis il dit à chacun des deux: «Voulez-vous apposer votre signature sur tout ce que j'ai l'intention de faire ?» Les deux répondiRent par l'affirMtve. Il demanda alors: «Voulez-vous de moi comme roi ?» et il reçu à nouveau une réponse affirMtve. «Et vous ferez tout ce que j'ordonnerai ?», poursuivit-il. «La réponse fut affirMtve. «J'en déduis donc que tu iras jusqu'à rendre un culte aux idoles si je l'ordonne», dit Jéroboam. «Dieu nous en préserve», s'exclamait le membre pieux du couple, et son compagnon impie, qui était de mèche avec le roi, se retournait alors contre lui: «Penses-tu vraiment qu'un homme comme Jéroboam puisse servir les idoles ? Il veut seulement mettre notre loyauté à l'épreuve.» Par de telles machinations, il réussit à obtenir la signature des plus pieux, et même celle du prophète Achija. Jéroboam avait désormais le peuple en son pouvoir. Il pouvait exiger de lui les actes les plus vils. (9)
Ainsi retranché, Jéroboam provoqua la division entre Juda et Israël, ce que son père, Saba, fils de Bichri, n'avait pu faire sous David, car Dieu voulait que le Temple soit érigé avant que la division ne se produise. (10) Non satisfait, Jéroboam chercha à impliquer les Dix Tribus dans une guerre contre Juda et Jérusalem. Mais les habitants du royaume du Nord refusèrent d'entrer en conflit avec leurs frères et avec le chef de leurs frères, un descendant de David. Jéroboam fit appel aux anciens des Israélites, qui le dirigèrent vers les Danites, les plus efficaces de leurs guerriers ; mais ceux-ci jurèrent par le chef de Dan, l'ancêtre de leur tribu, qu'ils ne consentiraient jamais à verser le sang de leurs frères. Ils étaient même sur le point de se soulever contre Jéroboam, et le choc entre eux et les partisans de Jéroboam n'a été évité que parce que Dieu a incité les Danites à quitter la Palestine.
Leur premier projet était de se rendre en Égypte et de prendre possession du pays. Ils y renoncèrent lorsque leurs princes leur rappelèrent l'interdiction biblique (11) d'habiter en Égypte. De même, ils se sont abstenus d'attaquer les Édomites, les Ammonites et les Moabites, car la Torah ordonne de les traiter avec égards. Finalement, ils décidèrent de se rendre en Égypte, mais pas d'y rester, seulement de passer en Éthiopie. Les Égyptiens étaient très effrayés par les Danites, et leurs guerriers les plus robustes occupaient les routes qu'ils empruntaient. Arrivés en Éthiopie, les Danites tuèrent une partie de la population, et exigèrent un tribut du reste. (12)
Le départ des Danites mettait Juda à l'abri de l'invasion appréhendée de Jéroboam, mais le danger surgissait d'un autre côté. Shishak, (13) le souverain d'Egypte, beau-père de Salomon, vint à Jérusalem et demanda la dot de sa fille. Il emporta le trône de Salomon, (14) ainsi que le trésor que les Israélites avaient pris aux Égyptiens au moment de l'exode. L'argent égyptien retourna donc à sa source. (15)


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg