Lecture d'un commentaire (19137)


1R 2,10

Commentaire: SON TOMBEAU
Lorsque David a été enterré, Salomon a déposé d'abondants trésors dans son tombeau. Treize cents ans plus tard, le grand prêtre Hyrcanos s'empara de mille talents de l'argent qui y était caché pour l'utiliser afin d'empêcher le siège de Jérusalem par le roi grec Antiochus. Le roi Hérode a lui aussi prélevé des sommes importantes. Mais aucun de ces maraudeurs ne put pénétrer jusqu'au lieu de repos des rois, à côté duquel David et ses successeurs étaient enterrés, car il était enfoncé dans la terre avec tant d'habileté qu'on ne pouvait le retrouver. (144)
Un jour, un pacha musulman visita le mausolée et, alors qu'il regardait par la fenêtre, une de ses armes ornée de diamants et de perles tomba dans le tombeau. Un mahométan fut descendu par la fenêtre pour aller chercher l'arme. Lorsqu'il fut remonté, il était mort, et trois autres mahométans qui tentèrent d'entrer de la même manière connurent le même sort que leur camarade. A l'instigation du kadi, le pacha informa le rabbin de Jérusalem que les Juifs seraient tenus responsables de la restitution de l'arme. Le rabbin ordonne un jeûne de trois jours, consacré à la prière. Puis on tire au sort le messager qui sera chargé de cette périlleuse mission. Le sort tomba sur le bedeau de la synagogue, un homme pieux et droit. Il s'empara de l'arme et la rendit au pacha, qui manifesta sa gratitude en traitant les Juifs avec bienveillance par la suite. Le bedeau raconta plus tard ses aventures dans le tombeau au Hakam Bashi. Lorsqu'il descendit, un vieil homme à l'allure digne apparut soudain devant lui et lui remit ce qu'il cherchait. (145)
Une autre histoire miraculeuse concernant le tombeau de David est la suivante: Une lavandière juive, pauvre mais très pieuse, fut un jour persuadée par le gardien du tombeau d'y entrer. À peine y était-elle entrée que l'homme cloua l'entrée et courut vers le kadi pour l'informer qu'une Juive était entrée. Furieux, le kadi se rendit sur les lieux avec l'intention de faire brûler la femme pour sa présomption. Dans sa terreur, la pauvre créature s'était mise à pleurer et à implorer l'aide de Dieu. Soudain, un flot de lumière illumina le sombre tombeau, et un vénérable vieillard la prit par la main et la conduisit sous la terre jusqu'à ce qu'elle atteigne l'ouverture. Là, il se sépara d'elle en disant: «Hâte-toi de rentrer chez toi, et que personne ne sache que tu as quitté ta maison.» Le kadi fit fouiller minutieusement le tombeau et ses alentours par ses huissiers, mais aucune trace de la femme ne put être découverte, bien que le gardien ait juré à plusieurs reprises par le Prophète que la femme était entrée. Les messagers que le kadi avait envoyés à la maison de la femme revinrent et rapportèrent qu'ils l'avaient trouvée en train de se laver et qu'elle avait été très étonnée de la question de savoir si elle avait été au tombeau de David. Le kadi décida donc que, pour ses déclarations mensongères et son parjure, le gardien devait mourir de la même mort que celle prévue pour la femme innocente, et il fut donc brûlé. Les habitants de Jérusalem soupçonnèrent un miracle, mais la femme ne révéla son secret que quelques heures avant sa mort. Elle raconta son histoire, puis légua ses biens à la congrégation, à condition qu'un érudit récite le Kaddish pour elle à chaque anniversaire de sa mort. (146)


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg