Lecture d'un commentaire (19125)


2S 5,6

Commentaire: GUERRES
La première pensée de David, après son accession au trône, fut d'arracher Jérusalem, sacrée depuis les jours d'Adam, de Noé et d'Abraham, à l'emprise des païens. Ce projet ne fut pas facile à mettre en œuvre pour diverses raisons. Les Jébusiens, possesseurs de Jérusalem, étaient les descendants des fils de Heth qui avaient cédé à Abraham la grotte de Machpéla à la condition que leurs descendants ne soient jamais dépossédés par la force de leur capitale, Jérusalem. Pour perpétuer cet accord entre Abraham et les fils de Heth, des monuments d'airain furent érigés, et lorsque David s'approcha de Jérusalem avec des intentions hostiles, les Jébusiens indiquèrent la promesse d'Abraham gravée sur ces monuments et qui pouvait encore être lue clairement. (51) Ils soutenaient qu'avant que David puisse prendre la ville, qu'ils avaient entourée d'une haute muraille, il lui faudrait détruire les monuments. Joab conçut un plan pour entrer dans Jérusalem. Il dressa un grand cyprès près de la muraille, le courba vers le bas et, se plaçant sur la tête de David, il saisit la pointe de l'arbre. Lorsque l'arbre rebondit, Joab est assis au-dessus de la muraille et peut sauter dessus. Une fois dans la ville, il détruisit les monuments et s'empara de Jérusalem. (52) Pour David, un miracle s'était produit: la muraille s'était abaissée devant lui, de sorte qu'il pouvait entrer dans la ville sans difficulté. David, cependant, ne voulait pas employer la force. Il offrit donc aux Jébusiens six cents sicles, à raison de cinquante sicles par tribu israélite. Les Jébusiens acceptèrent l'argent et remirent à David un acte de vente. (53)
Une fois Jérusalem acquise, David dut se préparer à la guerre contre les Philistins, dans laquelle le roi donna à la fois la preuve de son courage héroïque et de sa confiance inébranlable en Dieu. Cette dernière qualité se manifesta de manière éclatante lors de la bataille qui eut lieu dans la vallée des Géants. Dieu avait ordonné à David de ne pas attaquer l'armée des Philistins tant qu'il n'aurait pas entendu «le bruit des pas au sommet des mûriers». Dieu voulait juger les anges tutélaires des païens avant de livrer les païens eux-mêmes aux pieux (54), et le mouvement des cimes des arbres devait indiquer que la bataille pouvait avoir lieu. L'ennemi s'avança jusqu'à ce qu'il n'y eût plus que quatre coudées entre lui et les Israélites. Ces derniers allaient se jeter sur les Philistins, mais David les retint en disant: «Dieu m'a défendu d'attaquer les Philistins avant que les cimes des arbres ne commencent à bouger. Si nous transgressons l'ordre de Dieu, nous mourrons certainement. Si nous tardons, il est probable que nous serons tués par les Philistins, mais au moins nous mourrons en hommes pieux qui respectent l'ordre de Dieu. Par-dessus tout, ayons confiance en Dieu. A peine avait-il terminé son discours que les cimes des arbres se mirent à bruisser et que David donna l'assaut aux Philistins. Dieu dit alors aux anges, qui l'interrogeaient sans cesse sur les raisons pour lesquelles il avait retiré la dignité royale à Saül pour la donner à David: «Voyez la différence entre Saül et David.» (55)


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg