Lecture d'un commentaire (19113)


1S 1,20

Commentaire: LA JEUNESSE DE SAMUEL
La prière d'Anne fut exaucée. Au bout de six mois et quelques jours (13), Samuel lui naquit, dans la dix-neuvième année de son mariage (14) et la cent trentième de son âge (15). Samuel était d'une constitution fragile, (16) et avait besoin de soins et d'attention. C'est pourquoi sa mère et lui ne purent accompagner Elkana dans ses pèlerinages. Pendant plusieurs années, Anne ne laissa pas son fils entrer dans le sanctuaire. Avant la naissance de Samuel, une voix venue du ciel avait annoncé que dans peu de temps naîtrait un grand homme qui s'appellerait Samuel. C'est ainsi que tous les enfants mâles de l'époque furent appelés Samuel. Au fur et à mesure qu'ils grandissaient, les mères avaient l'habitude de se réunir et de raconter ce que faisaient leurs enfants, afin de déterminer lequel d'entre eux répondait aux attentes que la prophétie avait suscitées. Lorsque le vrai Samuel naquit, et qu'il surpassa tous ses compagnons par ses exploits, on sut à qui s'appliquait la parole de Dieu. (17) Sa prééminence étant maintenant incontestée, Anne voulut se séparer de lui.
L'incident suivant illustre les qualités inhabituelles de Samuel, qui se sont manifestées dès son plus jeune âge. Il avait deux ans lorsque sa mère l'amena à Silo pour l'y laisser définitivement. L'occasion se présenta aussitôt de montrer son intelligence et sa perspicacité, qui étaient si grandes qu'elles suscitèrent l'étonnement du grand prêtre Éli lui-même. En entrant dans le sanctuaire, Samuel s'aperçut qu'on cherchait un prêtre pour égorger l'animal de sacrifice. Samuel fit savoir aux assistants qu'un non-prêtre était autorisé à égorger le sacrifice. Le grand prêtre Eli apparut au moment où, selon les instructions de Samuel, le sacrifice était tué par un non-prêtre. Furieux de l'audace de l'enfant, il s'apprête à le faire exécuter, sans tenir compte de la prière d'Anne pour qu'il ait la vie sauve. «Qu'il meure» (18), dit-il, «je prierai pour qu'il y en ait un autre à sa place». Anne lui répondit: «Je l'ai consacré au Seigneur. Quoi qu'il arrive, il n'appartient ni à toi ni à moi, mais à Dieu.» (19) Ce n'est qu'ensuite, une fois la vie de Samuel assurée, qu'Anne prononce sa prière d'action de grâces. Outre l'expression de sa gratitude, elle contient aussi de nombreuses prophéties concernant les réalisations futures de Samuel, et elle récite l'histoire d'Israël depuis le début jusqu'à l'avènement du Messie. (20) Sa prière a d'ailleurs soulagé les fils de Koré. Depuis que la terre les avait engloutis, ils n'avaient cessé de s'enfoncer. Lorsque Anne prononce les mots: « Dieu fait descendre au séjour des morts et en fait remonter « (21), ils s'arrêtent dans leur course vers le bas.
Anne fut épargnée pour assister non seulement à la grandeur de son fils, mais aussi à la ruine de sa rivale. Chaque fois qu'Anne mettait au monde un enfant, Peninnah en perdait deux, jusqu'à ce que huit de ses dix enfants soient morts, et elle aurait dû tout abandonner si Anne n'avait pas intercédé pour elle par la prière. (22)


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg