Lecture d'un commentaire (19101)


Jos 14,1

Commentaire: L'ATTRIBUTION DU TERRAIN
Au terme de sept années de guerre (46), Josué peut enfin se risquer à répartir le territoire conquis entre les tribus. Voici comment il s'y prit. Le grand prêtre Eléazar, accompagné de Josué et de tout le peuple, et muni de l'urim et du thummim, se tint devant deux urnes. L'une des urnes contenait les noms des tribus, l'autre les noms des districts dans lesquels le pays était divisé. L'Esprit Saint lui fit s'exclamer «Zabulon». Lorsqu'il mit la main dans la première urne, voici qu'il en sortit le nom Zabulon, et de l'autre sortit le nom Accho, signifiant le district d'Accho. Il en fut ainsi successivement pour chaque tribu. (47) Pour que les frontières restent fixes, Josué avait fait planter la Hazubah (48) entre les districts. Le porte-greffe de cette plante, une fois établi dans un endroit, ne peut être extirpé qu'avec la plus grande difficulté. La charrue a beau tracer sur elle de profonds sillons, elle n'en produit pas moins de nouvelles pousses, et elle repousse au milieu des céréales, en marquant encore les anciennes lignes de partage. (49)
Dans le cadre de l'attribution des terres, Joshua a publié dix ordonnances destinées, dans une certaine mesure, à restreindre les droits de propriété privée: Le pâturage dans les bois devait être gratuit pour le grand public. Il était permis à chacun de ramasser des morceaux de bois dans les champs. Même autorisation de ramasser toutes les herbes, où qu'elles poussent, à moins qu'elles ne se trouvent dans un champ ensemencé de fenugrec, qui a besoin d'herbe pour se protéger. Pour les greffes, on pouvait couper des rameaux de n'importe quelle plante, à l'exception des oliviers. Les sources d'eau appartiennent à toute la ville. Il était permis à quiconque de pêcher du poisson dans la mer de Tibériade, à condition de ne pas gêner la navigation. La zone adjacente au côté extérieur d'une clôture autour d'un champ pouvait être utilisée par tout passant pour soulager la nature. De la fin de la récolte jusqu'au dix-septième jour de Marheshwan, les champs pouvaient être traversés. Un voyageur qui s'égarait dans les vignes ne pouvait être tenu pour responsable des dommages causés par les efforts déployés pour retrouver le bon chemin. Un cadavre trouvé dans un champ devait être enterré à l'endroit où il avait été trouvé. (50)
L'attribution des terres aux tribus et la répartition de chaque district entre les membres des tribus ont pris autant de temps que la conquête des terres. (51)
Lorsque les deux tribus et demie du pays au-delà du Jourdain rentrèrent chez elles après une absence de quatorze ans, elles ne furent pas peu étonnées d'apprendre que les garçons qui avaient été trop jeunes pour partir à la guerre avec elles s'étaient entre-temps montrés dignes de leurs pères. Ils avaient réussi à repousser les tribus ismaéliennes qui avaient profité de l'absence des hommes capables de porter les armes pour s'en prendre à leurs femmes et à leurs enfants. (52)
Après vingt-huit ans de règne (53), marqués par des succès (54) dans la guerre et dans la paix, Josué quitta la vie. Ses disciples déposèrent dans sa tombe les couteaux dont il s'était servi pour circoncire les Israélites (55), et ils élevèrent au-dessus d'eux une colonne en souvenir du grand prodige de l'arrêt du soleil sur Ajalon. (56) Cependant, le deuil de Josué ne fut pas aussi grand qu'on aurait pu s'y attendre. La culture du pays récemment conquis occupait tellement l'attention des tribus qu'elles faillirent oublier l'homme à qui elles devaient principalement d'en avoir pris possession. Pour les punir de leur ingratitude, Dieu, peu après la mort de Josué, mit fin à la vie du grand prêtre Eléazar et des autres anciens, et la montagne sur laquelle reposait le corps de Josué commença à trembler et menaça d'engloutir les Juifs. (57)


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg