Lecture d'un commentaire (19097)


Jos 2,1

Commentaire: L'ENTRÉE EN TERRE PROMISE
La première étape de la préparation à la guerre est le choix des espions. Pour éviter que ne se répète ce qui était arrivé à Moïse, Josué choisit comme messagers Caleb et Phinéas, sur lesquels il pouvait compter en toutes circonstances. (10) Ils étaient accompagnés dans leur mission par deux démons, les maris des diablotines Lilith et Mahlah. Lorsque Josué préparait sa campagne, ces démons lui offrirent leurs services ; ils lui proposèrent de les envoyer reconnaître le pays. Josué refusa l'offre, mais leur apparence fut si effrayante que les habitants de Jéricho en furent saisis de crainte. (11) A Jéricho, les espions rencontrèrent Rahab. Elle menait une vie immorale depuis quarante ans, mais à l'approche d'Israël, elle rendit hommage au vrai Dieu, mena la vie d'une pieuse convertie et, en tant qu'épouse de Josué, devint l'ancêtre de huit prophètes et de la prophétesse Hulda. (12) Elle eut l'occasion, dans sa propre maison, de voir les merveilles de Dieu. Lorsque les huissiers du roi vinrent faire leur enquête et que Rahab voulut cacher les espions israélites, Phinéas la calma par ces mots: «Je suis prêtre, et les prêtres sont comme les anges, visibles quand ils veulent être vus, invisibles quand ils ne veulent pas être vus.» (13)
Après le retour des espions, Josué décida de passer le Jourdain. La traversée du fleuve est l'occasion de prodiges dont le but est de le revêtir d'autorité aux yeux du peuple. A peine les prêtres, qui, en ce moment solennel, remplacent les lévites pour porter l'arche, ont-ils mis le pied dans le Jourdain que les eaux du fleuve s'amoncellent à une hauteur de trois cents milles. Tous les peuples de la terre furent témoins de ce prodige. (14) Dans le lit du Jourdain, Josué réunit le peuple autour de l'Arche. Par un miracle divin, l'étroitesse de l'espace entre les douelles de l'Arche put contenir tout le monde. Josué proclama alors les conditions auxquelles Dieu donnerait la Palestine aux Israélites, et il ajouta que si ces conditions n'étaient pas acceptées, les eaux du Jourdain descendraient droit sur eux. Puis ils traversèrent le fleuve. Lorsque le peuple arriva sur l'autre rive, l'Arche sainte, qui était restée dans le lit du fleuve, s'avança d'elle-même et, entraînant les prêtres à sa suite, dépassa le peuple.
La journée continua à être riche en événements. Les Israélites, sans être assaillis, Mchèrent pendant soixante-dix milles jusqu'aux monts Gerizim et Ebal, où ils accomplirent la cérémonie prescrite par Moïse dans le Deutéronome: six des tribus montèrent sur le mont Gerizim, et six sur le mont Ebal. Les prêtres et les lévites se groupèrent autour de l'arche sainte, dans la vallée entre les deux sommets. Le visage tourné vers Gerizim, les lévites prononcèrent les paroles suivantes: «Heureux l'homme qui ne fait pas d'idole, une abomination pour le Seigneur», et tout le peuple répond Amen. Après avoir récité douze bénédictions semblables, les lévites se tournèrent vers le mont Ebal et récitèrent douze malédictions, homologues des bénédictions, auxquelles le peuple répondit à nouveau par Amen. Un autel fut alors érigé sur le mont Ebal avec les pierres, pesant chacune quarante séim, que les Israélites avaient prises dans le lit du fleuve lors de la traversée du Jourdain. L'autel fut enduit de chaux et la Torah y fut écrite en soixante-dix langues, afin que les nations païennes aient la possibilité d'apprendre la loi. A la fin, il était dit explicitement que les païens hors de Palestine, s'ils abandonnaient le culte des idoles, seraient accueillis avec bienveillance par les Juifs.
Tout cela se passa en un seul jour, le jour même où l'on traversa le Jourdain et où l'on tint l'assemblée sur le Guérizim et l'Ebal, le jour où le peuple arriva à Guilgal, où il laissa les pierres avec lesquelles l'autel avait été construit. (15) C'est à Gilgal que Josué accomplit le rite de la circoncision sur ceux qui étaient nés dans le désert et qui étaient restés incirconcis à cause de la rudesse du cliMtet pour d'autres raisons. (16) C'est là que la manne s'épuisa. Elle avait cessé de tomber à la mort de Moïse, mais la réserve qui avait été emmagasinée avait duré un certain temps encore. (17) Dès que le peuple se trouva dans la nécessité de pourvoir à ses besoins quotidiens, il devint négligent dans l'étude de la Torah. C'est pourquoi l'ange recommanda à Josué de se déchausser, car il devait se lamenter sur le déclin de l'étude de la Torah, (18) et les pieds nus sont un signe de deuil. L'ange reprocha en particulier à Josué d'avoir laissé les préparatifs de guerre interférer avec l'étude de la Torah et avec le service rituel. La négligence de ce dernier peut être un péché véniel, mais la négligence du premier est digne d'une punition sévère. (19) En même temps, l'ange assura Josué qu'il était venu pour l'aider, et il le pria de ne pas s'éloigner de lui, comme Moïse, qui avait refusé les bons offices de l'ange. (20) Celui qui parlait à Josué n'était autre que l'archange Michel. (21)


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg