Lecture d'un commentaire (19094)


Dt 34,5

Commentaire: LA VAINE RECHERCHE DE SAMAEL
Samaël, l'ange de la mort, n'avait pas appris que Dieu avait enlevé l'âme de Moïse de son corps et l'avait reçue sous le trône de gloire. Croyant que Moïse était encore parmi les vivants, il se rendit à la maison de Moïse pour s'emparer de son âme, car il craignait de retourner devant Dieu sans avoir exécuté son ordre de s'emparer de l'âme de Moïse. Il ne trouva pas Moïse à sa place habituelle, et il se hâta d'aller au pays d'Israël, en se disant: «Moïse a longtemps prié pour qu'on lui permette d'entrer dans ce pays, et peut-être s'y trouve-t-il.» Il dit au pays d'Israël: «Moïse serait-il avec toi ?» Mais le pays répondit: «Non, il ne se trouve pas dans le pays des vivants.»
Samaël pensa alors: Je sais que Dieu a dit un jour à Moïse: «Lève ton bâton et fends la mer» ; peut-être est-il au bord de la mer. Il se précipita vers la mer et dit: «Moïse est-il ici ?» La mer répondit: «Il n'est pas ici, et je ne l'ai pas vu depuis le jour où il m'a divisée en douze parties, et où il m'a traversée avec les douze tribus.
Samaël se rendit alors à la Géhenne et demanda: «As-tu vu Moïse, fils d'Amram ?» La géhenne répondit: «J'ai entendu de mes oreilles le cri, mais je ne l'ai pas vu.»
Il se rendit au séjour des morts, à Abaddon et à Tit-ha-Yawen, à qui il dit: «Avez-vous vu le fils d'Amram ?» Ils répondirent: «Nous avons entendu son appel par Pharaon, roi d'Égypte, mais nous ne l'avons pas vu.»
Il se rendit à l'abîme et demanda: «As-tu vu le fils d'Amram ?». On lui répondit: «Je ne l'ai pas vu, mais j'ai entendu son appel.»
Il demanda aux fils de Koré, qui habitent l'abîme: «Avez-vous vu le fils d'Amram ?» Ils répondirent. «Nous ne l'avons pas vu depuis le jour où, sur l'ordre de Moïse, la terre a ouvert sa bouche et nous a engloutis.
Il se dirigea vers les nuages de gloire et demanda: «Moïse est-il avec vous ?». Ils répondirent: «Il est à l'abri des regards de tous les vivants.»
Il se rendit dans les cieux et demanda: «Avez-vous vu le fils d'Amram ?». La réponse fut: «Nous ne l'avons pas vu depuis que, sur l'ordre de Dieu, il est monté vers nous pour recevoir la Torah.»
Il se hâte vers le Paradis, mais lorsque les anges qui en gardent les portes aperçoivent Samaël, ils le repoussent en disant: «Méchant ! Voici la porte du Seigneur ; les justes y entreront». Samaël survola alors les portes du Paradis et demanda au Paradis: «As-tu vu Moïse ?». Le Paradis répondit: «Depuis qu'en compagnie de Gabriel il m'a rendu visite pour voir la récompense des pieux, je ne l'ai pas vu.»
Il se dirigea vers l'arbre de vie, mais même à une distance de trois cents parasanges, l'arbre lui cria: «Ne t'approche pas de moi. Il demanda donc de loin: «As-tu vu le fils d'Amram ?» L'arbre répondit: «Depuis le jour où il est venu me trouver pour que je lui taille un bâton, je ne l'ai pas vu.»
Il s'approcha de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, et dit: «As-tu vu le fils d'Amram ? L'arbre répondit: «Je ne l'ai pas vu depuis le jour où il est venu me demander un roseau pour écrire la Torah.»
Il se retira dans les montagnes avec sa requête. Celles-ci lui répondirent: «Depuis qu'il nous a taillé les deux tables, nous ne l'avons pas vu.»
Il se rendit dans les déserts et demanda: «Avez-vous vu le fils d'Amram ?». Ceux-ci répondirent: «Depuis qu'il a cessé de conduire Israël pour paître chez nous, nous ne l'avons pas vu.»
Il se dirigea vers le mont Sinaï, car il pensait que Dieu avait autrefois ordonné à Moïse d'y monter, et qu'il s'y trouvait peut-être maintenant. Il demanda au Sinaï: «As-tu vu le fils d'Amram ?». Le Sinaï répondit: «Depuis le jour où, de la main droite de Dieu, il a reçu sur moi la Torah, je ne l'ai pas vu.»
Il se tourna vers les oiseaux et leur dit: «Avez-vous vu Moïse ?». Ils répondirent: «Depuis le jour où il a séparé les oiseaux en purs et impurs, nous ne l'avons pas vu.» Il alla vers les quadrupèdes et leur demanda: «Avez-vous vu Moïse ? » Ils répondirent: «Depuis le jour où il a déterminé quelles bêtes pouvaient être mangées et lesquelles ne pouvaient pas l'être, nous ne l'avons pas vu.» La réponse des oiseaux et des bêtes se réfère au jour où Dieu rassembla toutes les espèces d'animaux, les conduisit devant Moïse et lui indiqua celles qui étaient pures et celles qui ne l'étaient pas, celles qui pouvaient être mangées et celles qui ne pouvaient pas l'être. (959)
Samaël se rendit alors dans la «Cour des morts», où l'ange Dumah garde les âmes des défunts, et demanda à l'ange: «As-tu vu le fils d'Amram ?». Il répondit: «J'ai entendu dans le ciel les paroles de lamentation à son sujet, mais je ne l'ai pas vu».
Il s'adressa aux anges et leur demanda: «Avez-vous vu le fils d'Amram ?». Ceux-ci lui firent la même réponse que Dumah et lui conseillèrent de s'adresser aux mortels, qui pourraient peut-être lui donner des inforMtons sur le lieu où se trouvait Moïse.
Il s'adressa aux mortels et leur demanda: «Où est Moïse ?» Ceux-ci répondirent: «Notre maître Moïse n'est pas comme les hommes. Il est l'égal des anges du ministère, car il est monté au ciel et y a habité comme les anges, 'il a recueilli le vent dans ses poings' comme un ange, et Dieu a pris son âme pour lui dans le lieu de sa sainteté. Quel rapport as-tu donc avec le fils d'Amram ? (960)


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg