Lecture d'un commentaire (19062)


Nb 25,1

Commentaire: LE MAUVAIS CONSEIL DE BALAAM
Bien que Balaam n'ait pas pu réaliser le souhait de Balak et maudire Israël, il ne l'a pas quitté avant de lui donner des conseils sur la manière dont il pourrait causer la ruine d'Israël, en disant: «Le Dieu de ce peuple a horreur de l'impudicité, mais il est très désireux de posséder des vêtements de lin. Montez donc des tentes et, à l'entrée, demandez à de vieilles femmes d'offrir ces articles à la vente. Incitez-les ainsi à pénétrer à l'intérieur des tentes où ils seront surpris par de jeunes prostituées qui les séduiront par leur impudicité, afin que Dieu les punisse de leur péché.» (785)
»Lancez le bâton en l'air, il reviendra toujours à sa place initiale. La nation moabite, qui doit son existence aux relations illégales de Lot avec sa fille, ne pouvait pas nier son origine et suivit le conseil de Balaam pour inciter Israël à l'impudicité. Ils dressèrent des tentes, les remplirent de jolies femmes qu'ils pourvurent d'objets de valeur, et firent placer à l'entrée des tentes de vieilles femmes chargées d'attirer les Israélites de passage à l'intérieur. Si un Israélite passait pour acheter quelque chose aux Moabites, les vieilles femmes à l'entrée de la tente s'adressaient à lui en ces termes: «Ne veux-tu pas acheter des vêtements de lin fabriqués à Bet-Shan ?» Puis elles lui montraient un échantillon de la Mchandise, en indiquaient le prix et ajoutaient: «Entre, et tu verras une Mchandise encore plus belle.» S'il entrait, il était reçu par une jeune femme richement parée et parfumée, qui lui fixait d'abord un prix très inférieur à la valeur de la Mchandise, puis l'invitait à faire comme s'il était chez lui et à choisir l'article qui lui plaisait le plus. Pendant qu'il était assis là, on lui offrait du vin, et la jeune femme l'invitait à boire en disant: «Pourquoi nous aimons-vous alors que vous nous haïssez ? Ne sommes-nous pas tous les descendants d'un seul homme ? Térah n'a-t-il pas été notre ancêtre autant que le tien ? Si tu ne veux pas manger de nos sacrifices et de ce que nous avons préparé, voici des veaux et des volailles que tu pourras égorger selon ta loi.» Mais à peine l'Israélite s'était-il laissé convaincre de boire qu'il se trouvait absolument entre les mains de la femme impudique. Enivré par le vin, sa passion pour la femme s'enflamma rapidement, mais elle n'accepta de satisfaire ses désirs qu'après qu'il eut d'abord adoré Péor, le dieu des Moabites. Or, le culte de cette idole ne consistait qu'en un dépouillement complet du corps ; aussi les Israélites, n'y voyant aucun mal, se déclarèrent-ils disposés à suivre l'invitation des femmes moabites ; c'est ainsi qu'ils furent séduits à la fois par l'impudicité et par l'idolâtrie des femmes moabites. Les hommes eurent d'abord honte et se prostituèrent en secret avec les femmes moabites, mais ils perdirent bientôt ce sentiment de honte et se livrèrent deux à deux à leurs actes impudiques. (786)
La dégénérescence morale d'Israël s'explique en partie par le fait que le lieu où ils se trouvaient était susceptible de les inciter à la débauche. Il y a en effet des sources dont les eaux ont des effets divers sur ceux qui s'y abreuvent. Une eau fortifie, une autre affaiblit ; l'une embellit, l'autre enlaidit ; l'une rend chaste, l'autre fait tomber dans la débauche. Or, il y avait à Shittim, où habitaient alors les Israélites, le «puits de la débauche», où les habitants de Sodome avaient puisé autrefois, mais où, depuis la destruction des villes pécheresses, personne n'avait bu, et c'est pourquoi le peuple était resté chaste jusqu'à ce moment-là. Mais Israël, dès qu'il goûta à cette eau, abandonna son mode de vie chaste. Cette source funeste ne perdra sa force qu'au temps messianique, quand Dieu la fera tarir. (787)


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg