Lecture d'un commentaire (19056)


Nb 22,35

Commentaire: BALAAM COURT À SA PROPRE PERTE
Pendant ce temps, Balaam ne s'aperçoit toujours pas que l'ange de Dieu se tient devant lui. Dieu voulait lui montrer qu'il tenait dans sa main non seulement la langue de l'homme, mais aussi son œil, et qu'aussi longtemps qu'il le voudrait, l'homme ne verrait pas ce qu'il a sous le nez. Mais Dieu permit soudain à Balaam de voir l'ange avec une épée dégainée dans sa main, et Balaam tomba à plat ventre. En effet, Balaam, incirconcis, ne pouvait écouter les paroles de Dieu ou d'un ange en se tenant droit ; c'est pourquoi, en apercevant l'ange qui lui parlait à l'instant, Balaam s'est jeté à terre. L'épée que l'ange tenait à la main ne signifiait pas qu'il voulait frapper Balaam, car un souffle de sa bouche aurait suffi pour tuer des myriades de gens, mais c'était pour faire connaître à Balaam la vérité suivante: «La bouche a été donnée à Jacob, mais l'épée à Ésaü et aux autres nations. Tu vas changer de métier, et sortir contre Israël avec son arme, et c'est pourquoi tu trouveras la mort par l'épée qui est ton arme.» (750)
L'ange dit alors à Balaam: «Si je suis chargé de te demander réparation pour l'injustice que tu as commise à l'égard de l'ânesse, qui ne peut faire état de ses mérites ni de ceux de ses pères, à plus forte raison dois-je me présenter comme le vengeur de toute une nation, qui a des mérites propres et peut se référer aux mérites de ses pères. Mais pour en revenir à l'ânesse, pourquoi l'as-tu frappée, elle qui s'est détournée du chemin seulement parce qu'elle m'a vu et qu'elle a été effrayée ?» Balaam était un pécheur rusé, car il savait que le châtiment divin ne peut être évité que par la pénitence, et que les anges n'ont pas le pouvoir de toucher un homme qui, après avoir péché, dit: «J'ai péché.» Il dit donc à l'ange: «J'ai péché», mais il ajouta: «Je ne me suis mis en route que lorsque Dieu m'a dit: «Lève-toi, va avec eux» ; et maintenant tu me dis: «Reviens». Mais c'est la voie du Seigneur. N'a-t-il pas d'abord dit à Abraham de sacrifier son fils, puis il a fait appeler un ange: «Ne pose pas ta main sur l'enfant» ? C'est sa coutume de donner d'abord un ordre, puis de le rappeler par l'intermédiaire d'un ange. C'est ainsi qu'il m'a dit: «Va avec eux» ; mais si cela te déplaît, je reviendrai sur mes pas. L'ange répondit: «Tout ce que j'ai fait était à ton avantage, mais si tu dois te précipiter dans la destruction, fais-le, va avec ces gens, mais la destruction est décrétée pour vous tous. Ne crois pas que tu feras ce que tu voudras, car tu devras dire ce que je veux que tu dises, et taire ce que je veux que tu ne dises pas.
Malgré les avertissements qu'il avait reçus de Dieu et de l'ange, il ne se découragea pas de faire ce pas fatal ; mais, dans sa haine contre Israël, il conserva l'espoir d'obtenir le consentement de Dieu pour maudire Israël, et il continua son voyage dans cette heureuse espérance. (752)


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg