Lecture d'un commentaire (19050)


Dt 1,5

Commentaire: LE DISCOURS D'ADMONESTATION DE MOISES
De même qu'Abraham, avant de mourir, parla à son fils Isaac, puis à son fils Jacob, et Jacob à son tour à ses fils, leur recommandant de marcher dans les voies du Seigneur, de même Moïse ne quitta pas ce monde sans avoir auparavant demandé à Israël de rendre compte de ses péchés et l'avoir exhorté à observer les commandements de l'Éternel. Le discours d'avertissement de Moïse a eu un effet plus important que la révélation du Décalogue sur le mont Sinaï, car alors qu'Israël, peu après avoir dit sur le Sinaï: «Nous ferons ce que nous avons entendu», a transgressé en adorant le veau d'or, les paroles d'avertissement de Moïse ont laissé une forte impression sur eux, et il les a ramenés à Dieu et à la Torah. Dieu dit alors: «Pour te récompenser de ce que tes paroles d'exhortation ont amené Israël à Me suivre, Je désignerai ces paroles comme tiennes, bien que tu ne les aies prononcées qu'en exécution de Mon ordre».
Mais Moïse ne prononça son discours d'exhortation au peuple qu'après la victoire sur Sihon et Og, car Moïse pensait: «Si je leur avais demandé des comptes avant ces victoires, ils auraient répondu: «Il cherche à nous rappeler nos péchés parce qu'il ne peut pas nous conduire dans la terre promise contre Sihon et Og, et il cherche à nous excuser pour nos péchés». Mais après que Moïse eut prouvé ce qu'il pouvait faire, il pouvait sans crainte se risquer à rappeler au peuple ses péchés. Il rassembla alors toutes les classes d'Israël, les nobles comme les gens du peuple, et leur dit: «Si quelqu'un a une excuse à faire valoir, qu'il la fasse valoir. Il leur interdit ainsi de dire plus tard: «Si nous avions entendu les paroles du fils d'Amram, nous aurions répondu quatre et cinq fois à chacune d'elles.
Moïse raconte alors les dix tentations par lesquelles ils ont tenté Dieu: à la mer Rouge, ils se sont repentis de l'avoir suivi, et ils ont même fait demi-tour à trois reprises sur le chemin de l'Égypte ; même après le miracle qui leur a fait traverser la mer Rouge, ils ont eu si peu de foi en Dieu qu'ils ont dit: «De même qu'à cet endroit nous avons traversé la mer Rouge sains et saufs, de même les Égyptiens ont traversé une autre partie de la mer Rouge». A Mara et à Rephidim, ils mirent Dieu à l'épreuve à cause de la pénurie d'eau, et comme ils s'étaient révoltés deux fois contre Dieu à cause de l'eau, ils le firent aussi à cause de la manne. Ils enfreignirent les deux lois que Dieu leur avait données au sujet de la manne: ils la conservèrent d'un jour à l'autre et allèrent la ramasser le jour du sabbat, bien que Dieu leur eût strictement interdit l'une et l'autre. En raison de leur soif de chair, ils transgressèrent deux fois la loi, réclamant de la chair en même temps qu'ils recevaient la manne, bien que la manne satisfît entièrement leurs besoins ; et après que Dieu eut exaucé leur vœu et leur eut envoyé des cailles, ils se contentèrent pour peu de temps, puis réclamèrent de nouveau des cailles, jusqu'à ce que Dieu leur accordât aussi ce vœu. «Mais le pire de tout, leur dit Moïse, fut l'adoration du veau d'or. Et ce n'est pas tout: à Paran, trompés par les espions, vous avez transgressé en voulant fabriquer une idole et en retournant en Égypte sous sa conduite.»
Moïse leur fait alors remarquer que c'est à cause de leur péché qu'ils ont erré dans le désert pendant quarante ans, sans quoi Dieu les aurait conduits en Palestine le jour même où il les avait fait sortir d'Égypte. Il reprocha à Israël non seulement les péchés qu'ils avaient commis contre Dieu, mais aussi le mal qu'ils avaient fait à Moïse lui-même, mentionnant comment ils avaient jeté leurs enfants sur ses genoux, en disant: «Quelle nourriture as-tu pour eux ? En cette circonstance, on voyait combien cette nation était bonne et pieuse devant Moïse, car tous les péchés qu'il leur avait énumérés avaient été commis non par eux, mais par leurs pères, qui étaient tous morts entre-temps ; cependant ils se taisaient et ne répondaient pas à la sévère réprimande que leur chef leur faisait. Moïse ne se contenta pas d'exhorter le peuple à marcher dans les voies de l'Éternel ; il dit à Israël: «Je suis près de mourir ; quiconque a appris de moi un verset, un chapitre ou une loi, qu'il vienne à moi et qu'il l'apprenne de nouveau». Il répéta alors toute la Torah, (710) et cela dans les soixante-dix langues du monde, afin que non seulement Israël, mais aussi tous les peuples païens puissent entendre les enseignements de Dieu. (711)


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg