Lecture d'un commentaire (19036)


Nb 16,33

Commentaire: ON ET LES TROIS FILS DE KORAH SAUVÉS
Dieu punit sévèrement la discorde, car bien que le décret du ciel ne punisse pas autrement les personnes âgées de moins de vingt ans, lors de la rébellion de Koré, la terre engloutit vivants des enfants âgés d'un jour seulement, hommes, femmes et enfants, tous ensemble (587). De toute la troupe de Koré et de leurs familles, quatre personnes seulement échappèrent à la ruine, à savoir On, fils de Péléth, et les trois fils de Koré. De même que c'est la femme de Koré qui, par ses mots et ses incitations, a précipité son mari dans la ruine, de même On doit son salut à sa femme. C'est à ces deux femmes que s'applique le proverbe: «Toute femme sage bâtit sa maison, mais l'insensée l'abat de ses propres mains». On, dont les capacités lui avaient valu une distinction bien supérieure à celle de son père, s'était d'abord rallié à la rébellion de Koré. Lorsqu'il arriva à la maison et qu'il en parla à sa femme, celle-ci lui dit: «Quel avantage en retireras-tu ? Ou bien Moïse reste le maître et tu es son disciple, ou bien Koré devient le maître et tu es son disciple.» On reconnut la justesse de cet argument, mais il déclara qu'il se sentait obligé d'adhérer à Koré parce qu'il lui avait prêté serment et qu'il ne pouvait plus revenir en arrière. Sa femme l'apaisa cependant, le priant de rester à la maison. Pour être sûre de lui, elle lui donna du vin à boire, après quoi il tomba dans un profond sommeil d'ivresse. Sa femme accomplit alors son œuvre de salut, en se disant: «Toute l'assemblée est sainte, et comme elle l'est, elle ne s'approchera d'aucune femme dont les cheveux sont découverts.» Elle se présentait donc à l'entrée de la tente, les cheveux dénudés, et chaque fois qu'un membre de la troupe de Koré, sur le point d'aller à On, voyait la femme dans cet état, il reculait, et grâce à cette intrigante, le mari n'a pas participé à la rébellion. Lorsque la terre s'ouvrit pour engloutir la troupe de Koré, le lit sur lequel On dormait encore se mit à osciller et à rouler jusqu'à l'ouverture de la terre. Mais la femme d'On le saisit en disant: «Seigneur du monde ! Mon mari a fait le vœu solennel de ne plus jamais prendre part aux dissensions. Toi qui vis et subsistes pour l'éternité, tu peux le punir si jamais il ne respecte pas son vœu». Dieu entendit sa demande et On fut sauvé. Elle demanda alors à On d'aller voir Moïse, mais il refusa, car il avait honte de regarder Moïse en face après s'être rebellé contre lui. Sa femme alla donc voir Moïse à sa place. Moïse la repoussa d'abord, car il ne voulait pas avoir affaire à des femmes ; mais comme elle pleurait et se lamentait amèrement, elle fut admise et raconta à Moïse tout ce qui s'était passé. Moïse l'accompagna jusqu'à sa maison, à l'entrée de laquelle il s'écria: «On, fils de Péléth, sors de là, Dieu te pardonnera tes péchés. C'est en référence à cette délivrance miraculeuse et à sa vie passée à faire pénitence que cet ancien disciple de Koré fut appelé On, «le pénitent», fils de Péléth, «miracle». Son vrai nom était Nemuel, fils d'Eliab, frère de Dathan et d'Abiram. (588)
Le salut des trois fils de Koré est encore plus merveilleux que celui d'On. En effet, lorsque la terre s'est mise à bailler pour engloutir Koré et sa troupe, ceux-ci ont crié: «Aide-nous, Moïse !» La Shekinah dit alors: «Si ces hommes se repentaient, ils seraient sauvés ; c'est le repentir que je désire, et rien d'autre. Les trois fils de Koré décidèrent simultanément de se repentir de leur péché, mais ils ne purent ouvrir la bouche, car le feu brûlait tout autour d'eux, et l'enfer s'ouvrait au-dessous d'eux. Dieu fut cependant satisfait de leur bonne pensée, et aux yeux de tout Israël, pour leur salut, une colonne s'éleva dans l'enfer, sur laquelle ils s'assirent. Là, ils s'assirent et chantèrent au Seigneur des louanges et des chants plus doux qu'aucune oreille mortelle n'en n'avait jamais entendus, de sorte que Moïse et tout Israël les écoutaient avec empressement. Ils furent en outre distingués par Dieu en recevant de lui le don de prophétie, et ils annoncèrent alors dans leurs chants les événements qui devaient se produire dans le monde futur. Ils disaient: Ne craignez pas le jour où le Seigneur «saisira les extrémités de la terre, et où les méchants en seront secoués», car les pieux s'attacheront au Trône de gloire et trouveront protection sous les ailes de la Shekinah. Ne craignez pas, hommes pieux, le jour du Jugement, car le jugement des pécheurs aura aussi peu de pouvoir sur vous qu'il en a eu sur nous lorsque tous les autres ont péri et que nous avons été sauvés». (590)


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg