Lecture d'un commentaire (18959)


Ex 19,11

Commentaire: LA TORAH OFFERTE A ISRAEL
Le deuxième jour du troisième mois, Moïse reçut de Dieu l'ordre de se rendre sur le mont Sinaï, car sans cette invitation directe, il ne s'y serait pas rendu. Cette fois, comme toujours, lorsque Dieu voulut parler à Moïse, il l'appela deux fois par son nom, et après qu'il eut répondu: «Me voici», la révélation de Dieu suivit. Lorsque Moïse eut été porté vers Dieu dans la nuée, qui était toujours prête à le porter à Dieu et à le rendre aux hommes, Dieu lui dit: «Va faire connaître aux femmes d'Israël les principes du judaïsme et essaie, par des paroles aimables, de leur faire accepter la Torah ; mais expose aux hommes tout le contenu de la Torah et prononce avec eux des paroles solennelles à son sujet.
Il y avait plusieurs raisons pour qu'il aille d'abord vers les femmes. Dieu a dit: «Lorsque j'ai créé le monde, j'ai donné mon commandement concernant le fruit défendu à Adam seulement, et non à sa femme Ève, et cette omission a eu pour effet qu'elle poussa Adam à la transgression. Il semble donc souhaitable que les femmes entendent d'abord Mes commandements, et les hommes suivront ensuite leurs conseils. Dieu savait, en outre, que les femmes sont plus scrupuleuses dans l'observance des préceptes religieux, et c'est pourquoi il s'est d'abord adressé à elles. De même, Dieu attendait des femmes qu'elles instruisent leurs enfants dans les voies de la Torah, et c'est à elles qu'il envoya d'abord son messager (190).
Les paroles que Moïse devait adresser aux femmes comme aux hommes, au Sanhédrin comme au peuple, étaient les suivantes: «Vous avez vu vous-mêmes - car ce n'est ni par les écrits, ni par la tradition, ni par la bouche d'autrui que vous l'apprenez - ce que j'ai fait pour vous en Égypte ; car bien qu'ils fussent idolâtres, tueurs d'hommes et débauchés, je ne les ai pas punis pour ces péchés, mais seulement pour le mal qu'ils vous avaient fait. Je vous porterai sur les ailes des aigles, le jour de la révélation au Sinaï, et je vous amènerai à moi quand le temple sera érigé. Puisque J'ai fait pour vous tant de miracles, avant même que vous ayez reçu la Torah et observé les lois, combien d'autres miracles ferai-je pour vous, lorsque vous aurez reçu la Torah et observé les lois! Le début de toute chose est difficile, mais dès que vous vous serez habitués à l'obéissance, tout le reste vous sera facile. Si vous observez maintenant l'alliance abrahamique, le sabbat et le commandement contre l'idolâtrie, alors vous serez ma propriété ; car, bien que tout m'appartienne, Israël sera ma propriété particulière, parce que je l'ai fait sortir d'Égypte et que je l'ai libéré de l'esclavage. A l'égard d'Israël, Dieu est comme celui qui reçoit en héritage de nombreux champs, mais il en a acheté un, et celui qu'il a gagné est le plus cher à son cœur. Je régnerai seul sur vous, comme ma propriété, moi et personne d'autre, à condition que vous vous teniez à l'écart des autres peuples. Sinon, d'autres peuples régneront sur vous. Mais si vous m'obéissez, vous serez une nation, non seulement délivrée de tout soucis, mais aussi une nation de prêtres et une nation sainte».
Si Israël n'avait pas péché en adorant le veau d'or, il n'y aurait pas eu parmi eux de caste de prêtres, la nation aurait été une nation de prêtres, et ce n'est qu'après leur péché que la plus grande partie du peuple a perdu le droit à la prêtrise.
Dieu chargea alors Moïse de transmettre au peuple ses paroles, sans y ajouter ni en retrancher, dans l'ordre précis et dans la même langue, l'hébreu. Moïse se rendit donc auprès du peuple pour lui transmettre son message, sans avoir vu sa famille. Il adressa d'abord la parole de Dieu aux anciens, car il n'oubliait jamais l'honneur dû aux anciens. Puis, sous une forme simple et bien agencée, il la répéta à tout le peuple, y compris les femmes. Dans la joie et de son propre chef, chaque Israélite se déclara prêt à accepter la Torah, après quoi Moïse retourna auprès de Dieu pour l'informer de la décision du peuple. En effet, si Dieu, omniscient, n'avait pas besoin d'entendre de Moïse la réponse du peuple, la bienséance veut que celui qui est chargé d'un message revienne rendre compte de son succès à celui qui l'a envoyé. Dieu dit alors à Moïse «Je viendrai à toi dans une épaisse nuée et je te répéterai les commandements que je t'ai donnés à Mara, afin que ce que tu leur diras paraisse au peuple aussi important que ce qu'ils entendront de moi. Ce n'est pas seulement en toi qu'ils auront foi, mais aussi dans les prophètes et les sages qui viendront après toi.»
Moïse revint alors vers le peuple et lui expliqua les graves conséquences qu'aurait pour lui le non-respect de la loi. La première fois qu'il leur avait parlé de la Torah, il leur avait exposé ses qualités, afin de les inciter à l'accepter ; mais maintenant il leur parlait des terribles châtiments qu'ils s'infligeraient s'ils n'observaient pas les lois. Le peuple ne changea pas d'avis et se réjouit à l'idée de recevoir la Torah. Ils souhaitaient seulement que Moïse exprime à Dieu leur désir de l'entendre leur transmettre directement ses paroles, et ils dirent à Moïse: «Nous voulons entendre les paroles de notre roi de la bouche même de celui-ci». Ils ne se contentèrent pas de cela, mais voulurent voir la présence divine, car «entendre n'est pas comme voir». Dieu exauça leurs vœux et ordonna à Moïse de leur dire de se préparer pendant les deux jours suivants à recevoir la Torah. (191)


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg