Lecture d'un commentaire (18898)


Ex 1,3

Commentaire: ZÉBULON EXHORTE À LA COMPASSION
Lorsque Zabulon eut atteint l'âge de cent quatorze ans, c'est-à-dire deux ans après la mort de Joseph, il convoqua ses fils et leur recommanda, en ces termes, de mener une vie pieuse: «Je suis Zabulon, un don précieux pour mes parents, car, à ma naissance, mon père s'est beaucoup enrichi, grâce aux baguettes striées, en troupeaux de moutons et en troupeaux de bœufs. Je n'ai conscience d'aucun péché en moi, et je ne me souviens d'aucune faute commise par moi, si ce n'est d'avoir involontairement péché contre Joseph, en ne révélant pas à mon père, par égard pour mes frères, ce qui était arrivé à son fils préféré, alors qu'en secret je portais un grand deuil. Je craignais mes frères, car ils étaient convenus que celui qui livrerait le secret serait tué par l'épée. Lorsqu'ils projetèrent de tuer Joseph, je les suppliai, au milieu des larmes, de ne pas pécher de la sorte.
»Maintenant, mes enfants, écoutez-moi. Je vous exhorte à observer les commandements du Seigneur, à avoir pitié de votre prochain et à agir avec compassion, non seulement à l'égard des hommes, mais aussi à l'égard des bêtes muettes. Car le Seigneur m'a béni à cause de ma bonté: tous mes frères sont tombés malades un jour ou l'autre, et moi, je n'ai pas eu de maladie. Les fils de mes frères ont eu à souffrir de la maladie, et ils ont été près de mourir à cause de Joseph, parce qu'ils n'avaient pas de pitié dans leur coeur. Mais mes fils ont été conservés en parfaite santé, comme vous le savez. Lorsque j'étais en Canaan et que je pêchais des poissons sur les bords de la mer pour mon père Jacob, beaucoup furent noyés dans les eaux de la mer, mais je m'en tirai indemne. Vous devez savoir que j'ai été le premier à construire un bateau pour ramer sur la mer, que j'ai parcouru les côtes avec ce bateau et que j'ai pêché du poisson pour la famille de mon père, jusqu'à ce que nous soyons descendus en Égypte. Par pitié, je partageais ma prise avec le pauvre étranger, et s'il était malade ou avancé en âge, je lui préparais un plat savoureux, et je donnais à chacun selon ses besoins, compatissant avec lui dans sa détresse et ayant pitié de lui. C'est pourquoi le Seigneur ramenait dans mes filets de nombreux poissons, car celui qui donne quelque chose à son prochain le reçoit en retour du Seigneur avec une grande abondance. Pendant cinq ans, j'ai pêché l'été, et l'hiver, j'ai fait paître les troupeaux avec mes frères.
»Maintenant, mes enfants, ayez de la pitié et de la compassion pour tous les hommes, afin que le Seigneur ait de la pitié et de la compassion pour vous, car dans la mesure où l'homme a pitié de ses semblables, Dieu a pitié de lui. Lorsque nous sommes descendus en Égypte, Joseph ne nous a pas infligé les souffrances qu'il avait subies. Prenez-le pour modèle, et ne vous souvenez pas du mal qui vous a été fait, sinon l'unité est déchirée, les liens de parenté sont rompus, et l'âme est troublée. Observez l'eau ! Si elle coule sans partage, elle entraîne avec elle la pierre, le bois et le sable. Mais si elle est divisée et s'écoule par de nombreux canaux, la terre l'aspire et elle perd sa force. Si vous vous séparez l'un de l'autre, vous serez comme des eaux divisées. Ne vous divisez pas en deux têtes, car tout ce que le Seigneur a fait n'a qu'une seule tête. Il a donné à ses créatures deux épaules, deux mains et deux pieds, mais tous ces organes obéissent à une seule tête.
Zabulon termina son exhortation à l'unité par l'exposé des divisions d'Israël, dont il avait lu dans les écrits des pères qu'elles se produiraient dans la suite des temps, et qu'elles feraient souffrir Israël. Cependant, il adressa à ses enfants des paroles d'encouragement, en disant: «Ne vous affligez pas de ma mort et ne vous découragez pas de mon départ de chez vous, car je ressusciterai au milieu de vous et je vivrai dans la joie au milieu des gens de ma tribu, de ceux qui observent la loi du Seigneur. Quant aux impies, le Seigneur fera descendre sur eux un feu éternel, et les exterminera de génération en génération. Maintenant, je m'en vais en hâte vers mon repos éternel auprès de mes pères. Mais vous, craignez le Seigneur votre Dieu de toutes vos forces, tous les jours de votre vie.
Ayant achevé de prononcer ces paroles, il sombra dans le sommeil de la mort, et ses fils le mirent dans un cercueil qu'ils transportèrent ensuite à Hébron, pour l'y enterrer à côté de ses pères (12).


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg