Lecture d'un commentaire (18890)


Gn 47,18

Commentaire: TRAHISON SANCTIONNÉE
De leur embuscade, les forces du fils de Pharaon tombèrent sur Asenath et ses six cents accompagnateurs. Ils réussirent à abattre l'avant-garde, et Asenath dut prendre la fuite. Dans sa frayeur, elle rencontra le fils de Pharaon avec cinquante hommes à cheval. Benjamin, assis dans le même char qu'elle, vint à son secours, car, malgré son jeune âge, il était extrêmement courageux. Il descendit du char, ramassa des cailloux et, les lançant sur le fils de Pharaon, il le frappa au front et lui fit une grave blessure. Le conducteur du char l'aida en lui fournissant des cailloux, qu'il lança sur les cinquante cavaliers avec une telle habileté qu'il en tua quarante-huit en autant de projectiles. Entre-temps, les fils de Léa arrivèrent sur les lieux et se portèrent au secours d'Asenath, car Lévi, grâce à son esprit prophétique, avait vu ce qui se passait et, convoquant ses cinq frères, il s'était hâté de se rendre sur place. Les six frères attaquèrent les troupes en embuscade et les abattirent. Mais le danger pour Asenath n'était pas écarté pour autant. En effet, les fils des servantes se jetèrent sur elle et sur Benjamin, l'épée dégainée. Ils avaient l'intention de les tuer tous les deux et de s'enfuir à l'abri dans les profondeurs du bois. Mais dès qu'Asenath implora le secours de Dieu, les épées tombèrent des mains de ses assaillants, et ils virent que le Seigneur était du côté d'Asenath. Ils tombèrent à ses pieds et implorèrent sa grâce. Elle apaisa leur inquiétude en leur disant: «Prenez courage et ne craignez pas vos frères, les fils de Léa. Ce sont des hommes qui craignent Dieu. Mais cachez-vous jusqu'à ce que leur colère soit apaisée.»
Lorsque les fils de Léa apparurent, Asenath se prosterna devant eux et, au milieu des larmes, les conjura d'épargner les fils des servantes et de ne pas rendre par le mal le mal qu'ils avaient médité. Simon ne voulut pas faire de concessions. Il insista sur le fait que la mesure de leurs péchés était complète et qu'ils devaient le payer de leur vie, car c'était eux qui avaient vendu Joseph en esclavage et qui avaient causé des malheurs indicibles à Jacob et à ses fils. Mais Asenath n'en resta pas là et ses demandes pressantes l'emportèrent. Elle réussit à calmer la colère de Simon, et elle avait en Lévi un allié secret, car ce prophète connaissait la cachette des fils des servantes, et il ne la révéla pas à Simon, de peur que sa colère ne s'accru à leur vue. C'est encore Lévi qui empêcha Benjamin de donner le coup de grâce au fils de Pharaon, grièvement blessé. Loin de permettre qu'on lui fasse du mal, il lava ses blessures, le mit dans un char et le conduisit à Pharaon, qui remercia Lévi de tout son cœur pour ses services d'amour et de bonté. Les efforts de Lévi furent vains: trois jours plus tard, le fils de Pharaon mourut des suites des blessures infligées par Benjamin, et Pharaon, affligé de la perte de son premier-né, le suivit peu après et quitta la vie à l'âge de cent soixante-dix-sept ans. Il laissa sa couronne à Joseph, qui régna sur l'Égypte pendant quarante-huit ans. Il transmit à son tour la couronne au petit-fils de Pharaon, nourrisson au moment de la mort de son grand-père, envers lequel Joseph avait agi en père toute sa vie (432).


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg