Lecture d'un commentaire (18754)


Gn 2,7

Commentaire: LA CRÉATION D'ADAM
Lorsque l'assentiment des anges à la création de l'homme fut enfin donné, Dieu dit à Gabriel: «Va me chercher de la poussière aux quatre coins de la terre, et j'en créerai l'homme.» Gabriel partit pour exécuter l'ordre du Seigneur, mais la terre le repoussa et refusa qu'il en ramasse la poussière. Gabriel protesta: «Pourquoi, ô Terre, n'écoutes-tu pas la voix du Seigneur, qui t'a fondée sur les eaux, sans appui ni pilier ?» La terre répondit et dit: «Je suis destinée à devenir une malédiction, et à être maudite par l'homme, et si Dieu lui-même ne me prend pas la poussière, personne d'autre ne le fera jamais.» Dieu, ayant entendu cela, étendit la main, prit de la poussière du sol et en créa le premier homme (14). La poussière fut donc prise aux quatre coins de la terre, afin que, si un homme de l'Orient venait à mourir à l'Occident, ou un homme de l'Occident à l'Orient, la terre n'ose pas refuser de recevoir le mort et de lui dire de s'en aller d'où il a été pris. Où qu'un homme meure et où qu'il soit enterré, il retournera à la terre d'où il est sorti. En outre, la poussière était de diverses couleurs, rouge, noire, blanche et verte, rouge pour le sang, noire pour les intestins, blanche pour les os et les veines, et verte pour la peau pâle.
C'est à ce moment précis que la Torah est intervenue. Elle s'adresse à Dieu: «Seigneur du monde ! Le monde t'appartient, tu peux en faire ce qui te semble bon. Mais l'homme que tu es en train de créer sera peu de temps, plein d'ennuis et de péchés. Si tu n'as pas l'intention de faire preuve d'indulgence et de patience à son égard, il vaudrait mieux ne pas l'appeler à l'existence.» Dieu répondit: «Est-ce pour rien que je suis appelé longanimité et miséricorde ?» (15)
La grâce et la bonté de Dieu se révélèrent particulièrement dans le fait qu'il prit une cuillerée de poussière à l'endroit où se trouverait l'autel dans le futur, en disant: «J'enlèverai l'homme du lieu de l'expiation, afin qu'il puisse subsister» (19).


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg