Lecture d'un commentaire (18)


Mt 22,15

Commentaire: ou EST LE PIEGE ? En demandant à Jésus s'il est permis de payer l'impôt à César, les pharisiens lui tendent un piège. S'il dit OUI, cela signifie que Dieu n'est pas le seul berger du peuple élu; il met ainsi aux oubliettes ~les efforts de ce peuple pour mettre la loi de Dieu comme seul impératif spirituel et social. S'il dit NON, Jésus se range dans le camp des rebelles; publiquement, il refuse l'occupation romaine et se prononce pour une libération politique du peuple. En fait, Jésus ne va pas répondre sur ce plan. D'abord, il va prendre ses auditeurs à leur propre piège. En leur demandant de sortir de leur poche la monnaie de l'impôt, il montre qu'eux aussi participent à ce compromis bancal qu'est la politique. Là où s'étend la monnaie d'un empereur, là s'étend sa puissance. Les pharisiens, comme les autres membres du peuple, ne sont pas soustraits à cette puissance. Ensuite, Jésus change de registre en précisant qu'il faut rendre à Dieu ce qui est à Dieu. Quelle que soit la puissance de César, à Dieu doit reve- nir tout ce qui Lui revient. Jésus ne veut ni légitimer, ni prendre position sur la puissance profane. Il affirme que la toute-puissance appartient à Dieu. Cette puissance est au-delà du politique, du social (même si elle l'assume) : elle est avant tout le dessein de salut de Dieu sur le monde. En effet, quelque temps plus tard, c'est la puissance civile qui condamnera Jésus à mort et exécutera la sentence. C'est pourtant la volonté du Père qui donnera tout son sens à cette mort. Par cette mort, le salut est donné au monde.


Source: Père De Wandière / Saint Ambroise