Lecture d'un commentaire (1780)


Ac 2,1

Commentaire: Neuf jours se sont écoulés entre l’Ascension et la Pentecôte, neuf jours durant lesquels l’Église primitive était en prières ; c’est de là que vient la pratique de la neuvaine. La neuvaine la plus importante est celle qui nous prépare à la fête de la Pentecôte et durant laquelle nous supplions Dieu de nous donner son Esprit. La Pentecôte était pour les Juifs l’une des plus grandes fêtes de l’année. Elle avait été à l’origine une fête agricole, mais dans les derniers siècles de l’Ancien Testament on avait pris l’habitude d’y célébrer le don de la Loi à Moïse sur le mont Sinaï. À cette occasion, comme pour la fête de la Pâque, beaucoup de Juifs venaient en pèlerinage à Jérusalem de tous les pays qui entourent la méditerranée. C’est durant la Pâque juive qui rappelait la libération de l’esclavage d’Égypte que Jésus avait apporté à l’homme la libération de la mort et du péché par sa propre mort et sa résurrection, c’est au jour où l’on célébrait le don de la Loi au Sinaï, jour où Dieu avait fait alliance avec le peuple d’Israël, que Dieu donnait aujourd’hui son Esprit à “l’Israël de Dieu” ( Galates 6.16), à l’Église. Ainsi dans l’Église comme en Jésus Christ, toutes les réalités de l’Ancien Testament trouvaient maintenant leur accomplissement. Chacun les entendait dans sa propre langue… Cette expression répétée trois fois (versets 6, 8 et 11) nous indique que nous avons ici une des clés de ce récit. Le miracle de la Pentecôte ne réside pas tellement dans le fait que les apôtres, d’origine palestinienne, se mettent à parler des langues étrangères, que dans le fait que tous ces étrangers entendent dans leur propre langue proclamer les merveilles de Dieu : c’est là le signe de la Pentecôte. Bien d’autres textes du Nouveau Testament font allusion au “don des langues” ( Actes 10.46 ; 19.6 ; 1Corinthiens 12 ; 14.2-19) mais ici est posé par Dieu lui-même le fondement de toute évangélisation : ceux qui sont appelés à la foi n’ont pas à renoncer à leur langue ou à leur culture pour entrer dans l’Église, comme devaient le faire les prosélytes juifs. Bien au contraire, c’est par toutes les langues et toutes les cultures que Dieu veut être loué et béni : ainsi sera rendue visible la diversité des membres dans le Corps du Christ (1Corinthiens 12.12-13), rendu visible aussi le rassemblement par Jésus et son esprit de tous les enfants de Dieu dispersés ( Jean 11.52). Tout au long de son histoire l’Église est tentée d’oublier ce signe de la Pentecôte en imposant sa langue et sa culture aux peuples nouveaux, comme aux milieux nouveaux qu’elle évangélise. Mais tout au long de son histoire aussi, l’Esprit Saint la met en garde contre cette tentation en suscitant des apôtres pénétrés de l’esprit de la Pentecôte.


Source: Bible des peuples