Lecture d'un commentaire (17750)


Jn 21,20

Commentaire: Si l'on me demande comment se fait-il donc que Jacques ait occupé le siège de Jérusalem? Je répondrai, parce que Pierre a été établi maître du monde entier. «Pierre s'étant retourné, vit le disciple que Jésus aimait, qui, pendant la cène, s'était reposé sur sa poitrine, et lui avait demandé: Seigneur, quel est celui qui vous trahira ?» Ce n'est pas sans raison que l'Évangéliste rappelle cette circonstance du la cène, il veut nous faire voir quelle grande confiance animait Pierre après son renoncement. Pendant la cène, il n'avait pas osé interroger le Sauveur, mais avait fait signe à Jean de l'interroger à sa place, et c'est à lui qu'est confiée la suprême juridiction sur ses frères. Et non-seulement il ne laisse plus à un autre le soin d'interroger son divin Maître sur ce qui le concerne, mais lui-même l'interroge, désormais sur ce qui peut intéresser les autres. Comme le Seigneur venait de lui faire les plus grandes promesses, de lui confier le soin de l'univers entier, de lui prédire son martyre, et de constater solennellement que l'amour de Pierre pour lui était plus grand que celui des autres, Pierre, dans le désir que Jean entre en partage d'aussi grandes prérogatives, dit à Jésus: «Mais celui-ci, que deviendra-t-il ?» C'est-à-dire: Est-ce qu'il ne suivra pas la même voie? En effet, Pierre aimait beaucoup Jean, et leur union nous est attestée par l'Évangile et par l e livre des Actes. C'est ainsi que Pierre veut rendre à Jean ce que Jean a fait autrefois pour lui. Il croit que Jean voudrait bien demander ce qui doit lui arriver, mais qu'il n'ose le faire, il interroge donc le Sauveur à sa place. Mais ils devaient être chargés la direction de tout l'univers, et ne pouvaient plus rester réunis comme ils l'avaient été jusqu'à présent, ce qui eût été un véritable préjudice pour le monde tout entier; le Seigneur répond donc à Pierre, selon le texte grec: «Si je veux qu'il demeure ainsi jusqu'à ce que je vienne, que vous importe? Quant à vous, suivez-moi», c'est-à-dire, ne vous occupez que de l'oeuvre qui vous est confiée, et accomplissez-la soigneusement, pour celui-ci, si je veux qu'il demeure, que vous importe ?


Source: Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868)