Lecture d'un commentaire (17527)


Jn 19,23

Commentaire: Le récit de saint Matthieu ainsi conçu: «Ils se partagèrent ses vêtements en les tirant au sort», a voulu nous faire entendre que ce partage s'étendit à tous les vêtements et à la tunique elle-même qu'ils tirèrent au sort. Saint Luc s'exprime en termes à peu près semblables: «Partageant ensuite ses vêtements, ils les jetèrent au sort», c'est-à-dire qu'en partageant ses vêtements, ils en vinrent à la tunique qu'ils tirèrent au sort. Saint Luc a mis le mot sort au pluriel sortes pour le singulier sortem. Le récit de saint Marc seul paraît faire quelque difficulté: «Ils se partagèrent ses vêtements, les tirant au sort, pour savoir ce que chacun en emporterait». Il semble par là qu'ils aient tiré au sort la totalité des vêtements, et non la tunique seule; mais cette ambiguïté n'est due qu'à la concision du récit. Ces paroles: «Les tirant au sort» équivalent à celles-ci: «Les tirant au sort au moment du partage». Il ajoute: «Pour savoir ce que chacun en emporterait», c'est-à-dire, pour savoir qui emporterait sa tunique, et le sens complet de la phrase serait celui-ci: «Ils tirèrent ses vêtements au sort pour savoir qui emporterait sa tunique qui restait après le partage égal des autres vêtements. Les vêtements du Sauveur partagés en quatre parts représentent l'universalité de l'Eglise qui s'étend aux quatre parties du monde, et qui se trouve également répandue dans chacune d'elles. La tunique tirée au sort figure l'unité de toutes les parties unies entre elles par le lien de la charité. Mais si la charité nous ouvre une voie plus excellente ( 1Co 12,31 ), si el est supérieure à science ( Ep 3,19 ), si el est premier de tous s commandements selon ces paros de saint Paul: «Par-dessus tout ayez charité» ( Col 3,14 ), c'est avec raison que le vêtement qui en est le symbole est d'un seul tissu depuis le haut jusqu'en bas. L'Évangéliste ajoute: «Jusqu'en bas», car il faut nécessairement avoir la charité pour appartenir à ce grand tout qui s'appelle l'Eglise catholique. Elle est sans couture pour qu'elle ne puisse se séparer, et elle devient la possession d'un seul, parce qu'elle ramène tous les hommes à l'unité. Le tirage au sort est une figure de la grâce de Dieu, car lorsqu'on règle une chose par le sort on ne tient compte ni de la qualité des personnes ni de leurs mérites, mais on laisse la décision aux dispositions secrètes des jugements de Dieu.


Source: Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868)