Lecture d'un commentaire (17485)


Jn 19,9

Commentaire: Notre-Seigneur répond ici à la question qui lui était faite; lors donc qu'il ne répondra pas, ce n'est ni par conscience de sa culpabilité, ni par artifice, mais parce qu'il est semblable à l'agneau, qui se tait devant ceux qui le tondent; et, lorsqu'il croit devoir répondre, c'est pour enseigner, comme pasteur. Recueillons donc ici la leçon que Notre-Seigneur nous donne, et qu'il nous enseigne encore par son Apôtre: «Il n'y a point de puissance qui ne soit de Dieu»; ( Rm 13, 1) et celui qui, poussé par un noir sentiment d'envie, livre au pouvoir un innocent pour faire mettre à mort, est plus coupab que dépositaire du pouvoir lui-même qui condamne cet innocent, parce qu'il craint pouvoir qui lui est supérieur. En effet, pouvoir que Dieu avait donné à Pite était subordonné à celui de César. C'est pour ce que Jésus lui dit: «Vous n'auriez sur moi aucun pouvoir (c'est-à-dire moindre pouvoi r tel que celui que vous avez), si ce pouvoir, quel qu'il soit, ne vous avait été donné d'en haut». Mais comme je connais étendue de ce pouvoir (qui ne va pas jusqu'à être complètement indépendant), je décre que a celui qui m'a livré entre vos mains est coupab d'un plus grand péché». C'est par un sentiment d'envie qu'il m'a livré à votre pouvoir, tandis que c'est par un sentiment de crainte que vous exercez contre moi ce pouvoir. Jamais on ne doit sacrifier à crainte vie d'un innocent, mais c'est un bien plus grand crime de sacrifier à envie. Aussi Notre-Seigneur ne dit pas: Celui qui m'a livré entre vos mains est coupab de péché (comme si Pite lui-même ne était pas), mais: il est coupable d'un plus grand péché»; paroles qui devaient faire comprendre à Pilate qu'il était loin d'être exempt de faute.


Source: Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868)