Lecture d'un commentaire (17289)


Jn 17,6

Commentaire: S'il veut seulement parler ici des disciples avec lesquels il vient de célébrer la cène, il ne peut être question de cette glorification dont il a parlé précédemment, et par laquelle le Fils glorifie le Père. Quelle gloire, en effet, pour Dieu, d'avoir pu être connu de onze ou de douze mortels? Si au contraire ces paroles: «J'ai manifesté votre nom aux hommes que vous m'avez donnés du monde», comprennent dans la pensée du Sauveur, tous ceux qui devaient croire en lui; c'est vraiment alors cette glorification par laquelle le Fils donne la gloire au Père. Cette proposition: «J'ai manifesté votre nom», doit donc s'entendre comme cette autre: «Je vous ai glorifié», c'est-à-dire, que le passé est mis ici pour le futur. Cependant la suite nous autorise à regarder comme plus probable que le Sauveur parlait ici de ceux qui étaient déjà ses disciples, et non de tous ceux qui devaient croire en lui. Dès le commencement de sa prière, le Sauveur veut nous faire comprendre sous le nom de siens, tous ceux à qui il a fait connaîtra le nom de son Père qu'il a glorifié en leur donnant cette connaissance; ce qu'il a dit précédemment: «Afin que votre Fils vous glorifie», se trouve expliqué par les paroles qui suivent: «Puisque vous lui avez donné la puissance sur toute chair». Ecoutons maintenant ce qu'il dit de ses disciples: «J'ai manifesté votre nom aux hommes que vous m'avez donnés du monde». Est-ce donc, qu'ils ne connaissaient pas le nom de-Dieu, lorsqu'ils étaient Juifs? Etoùdonc lisons-nous: Dieu est connu dans la Judée, et son nom est grand dans Israël? Voici donc comme il faut entendre ces paroles: «J'ai manifesté votre nom aux hommes que vous m'avez donnés du monde», c'est-à-dire, à ceux qui, m'écoutent en ce moment; non pas ce nom de Dieu que vous donnent communément les hommes, mais le nom de Père, nom qui ne peut être manifesté qu'autant que le Fils est manifesté lui-même. Il n'est, en effet, aucune nation qui, avant même du croire en Jésus-Christ, n'ait eu une connaissance quelconque de Dieu, comme étant le Dieu de toutes lus créatures. Comme créateur du monde, Dieu était donc connu dans toutes les nations, avant même qu'elles eussent embrassé la foi de Jésus-Christ. Il était connu dans la Judée comme le Dieu, dont le culte était exclusif de toutes les fausses divinités. Mais son nom de Père de Jésus-Christ, par lequel il efface les péchés du monde, n'était nullement connu, et c'est ce nom qu'il manifeste à ceux que son Père lui a donnés du monde. Mais comment l'a-t-il manifesté? Si le temps dont il a dit précédemment: «L'heure vient où je ne vous parlerai plus en paraboles n'était pas encore venue, il faut admettre que le Sauveur a employé ici le passé pour le futur.


Source: Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868)