Lecture d'un commentaire (17105)


Jn 15,8

Commentaire: Qui doute que l'amour ne précède l'observation des commandements? Celui qui n'aime pas, n'a aucun motif de garder les commandements. Ce n'est donc point le principe et la cause, mais les effets de l'amour que le Sauveur veut nous indiquer ici, afin que personne ne s'illusionne en affirmant qu'il aime Dieu, sans garder ses commandements? Toutefois ces paroles: «Demeurez dans mon amour», ne précisent pas de quel amour Notre-Seigneur veut parler, de celui que nous avons pour lui, ou de celui qu'il a pour nous; et ce n'est que par ce qui précède que nous pouvons le savoir. En effet, après avoir dit: «Je vous ai aimés», il ajoute aussitôt: «Demeurez dans mon amour», c'est-à-dire, dans l'amour dont il les a aimés. Or, que signifient ces paroles: «Demeurez dans mon amour ?» persévérez dans ma grâce? Et que veut-il dire quand il ajoute: «Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ?» Le signe certain que vous persévérez dans l'amour que j'ai pour vous, c'est la fidélité à observer mes commandements. Ce n'est donc point pour mériter son amour que nous observons ses commandements, mais nous ne pouvons les observer, s'il ne nous aime le premier. C'est la grâce qui est révélée aux humbles et qui demeure cachée aux superbes. Mais quel est le sens des paroles suivantes: «Comme moi-même j'ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour ?» Le Sauveur veut aussi parler de l'amour que son Père a pour lui. Mais devons-nous entendre que le Père aime son Fils par grâce, dans le même sens que nous sommes redevables à la grâce de l'amour du Fils, alors que nous sommes les enfants de Dieu, non par nature, mais par grâce, tandis que le Fils unique est Fils par nature et non par grâce? Ou bien faut-il entendre ces paroles du Fils de Dieu fait homme? Oui, sans doute, car ces paroles: «Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous aime», expriment la grâce du médiateur; or c'est comme homme et non comme Dieu que Jésus-Christ est médiateur de Dieu et des hommes. Nous pouvons donc, dire en toute vérité, que bien que la nature humaine n'ait point de rapport avec la nature divine, cependant elle a été unie à la personne du Fils de Dieu, par un effet de la grâce, et d'une grâce si extraordinaire, qu'il n'en est ni de plus grande, ni même d'égale. En effet, cette union de la nature divine avec la nature humaine, n'est la récompense d'aucun mérite de la part de l'homme, et c'est de cette union, au contraire, que les mérites des hommes ont découlé comme de leur source.


Source: Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868)