Lecture d'un commentaire (1679)

Commentaire: Cette mise en commun des biens a toujours suscité de nombreux commentaires, en tout temps elle a été pour les communautés chrétiennes un aiguillon ou un reproche. Jésus ne l’avait pas demandée, et par ailleurs on en avait vu des essais dans les groupes esséniens. Il semble que le résultat n’en ait pas été très valable sur un plan économique ; peut-être a-t-on mangé très vite le capital et vécu dans une sainte insouciance jusqu’au jour où tout a manqué. Au Concile de Jérusalem Paul avait promis de faire des collectes dans les communautés grecques pour aider les pauvres de Jérusalem (voir le commentaire de Romains*15.22 ; 1Corinthiens*16.1 ; 2Corinthiens*8—9 ; Galates 2.10). Un échec donc, mais il était beau d’en avoir couru le risque, et il en serait de même tout au long des temps pour d’innombrables essais semblables nés de la volonté de supprimer les barrières de l’égoïsme. Cette mise en commun des biens a été durant des siècles l’un des éléments de ce qu’on appelait “la vie apostolique” (celle du temps des apôtres) et que les ordres religieux se faisaient fort de rétablir. Comment aller jusqu’au bout de l’amour si l’on maintient la distinction du tien et du mien ? Nous avons donc là beaucoup mieux qu’un exemple à suivre tel quel : d’ailleurs l’éloge que Luc nous en fait ne nous permet pas d’imaginer comment cette entraide fonctionnait et ce qu’elle signifiait dans l’économie et face aux problèmes de la vie quotidienne. C’est déjà beaucoup d’avoir compris que toute liturgie ou spiritualité restera fragile si elle refuse de visiter le terrain du partage.

Source: Bible des peuples