Lecture d'un commentaire (16386)


Jn 9,1

Commentaire: C'est par des œuvres que le Sauveur veut confirmer la vérité de ce qu'il vient de dire, l'Evangéliste ajoute donc : « Après avoir parlé ainsi, il cracha à terre, et ayant fait de la boue avec sa salive, il l'étendit sur les yeux de l'aveugle. Celui qui a tiré du néant et appelé à l'être des créatures beaucoup plus importantes, eût bien pu donner des yeux à cet aveugle, sans une matière préexistante; mais il a voulu nous enseigner qu'il était le Créateur, qui au commencement s'est servi de bouc pour créer l'homme. (hom. 57.) Il ne se sert pas d'eau, mais de salive pour faire cette boue, pour vous empêcher d'attribuer rien à vertu de fontaine, et vous apprendre que c'est vertu de sa bouche qui a fait et ouvert s yeux de cet aveug, et il lui ordonne ensuite de s ver pour que guérison ne soit point non plus rapportée à une vertu secrète de terre : « Et il lui dit : Alz vous ver dans piscine de Siloë (mot qui veut dire envoyé), » pour vous apprendre que je n'ai pas besoin de boue pour faire des yeux. piscine de Siloë tirait toute sa vertu de Jésus-Christ qui opérait toutes s guérisons qui s'y faisaient, et c'est pour ce que Evangéliste donne signification de ce nom en ajoutant : « Qui signifie envoyé, » et il vous apprend par là que c'est Jésus-Christ qui a guéri cet aveug. De même, en effet, que Apôtre nous dit : « pierre c'était Christ, » ainsi piscine de Siloë, alimentée par un cours d'eau qui couit soudainement à certains intervals, nous figurait secrètement que Jésus-Christ se manifeste souvent contre toute espérance. Mais pourquoi donc ne lui commande-t-il pas de se ver immédiatement sans alr à piscine de Siloë ? C'est pour mieux confondre impudence des Juifs. Il était bon, en effet, que tous vissent se diriger vers cette piscine, ayant s yeux couverts de boue. Jésus vouit d'ailurs montrer en envoyant à cette piscine, qu'il n'est opposé ni à loi, ni à Ancien Testament. Il n'était point d'ailurs à craindre qu'on attribuât gloire de cette guérison à piscine de Siloë, car beaucoup s'y vaient s yeux sans obtenir une grâce aussi importante. Il vouit encore faire écter foi de cet aveug, qui ne cherche pas à contredire Sauveur, qui ne se dit pas en lui-même : boue d'ordinaire est bien plus propre à faire perdre vue qu'à rendre, je me suis vé plusieurs fois dans piscine de Siloë, je n'en ai éprouvé aucun sougement, si cette eau avait quelque efficacité, el m'eût guéri sur--champ, il obéit avec simplicité : « Il y al, se va et revint voyant cir. » (hom. 56.) C'est donc ainsi qu'il manifesta sa gloire, car ce n'est pas une faible gloire que de passer pour le créateur de toutes choses ; la foi que l'on donnait à cette grande vérité en faisait accepter d'autres moins importantes. L'homme, en effet est la première et la plus honorable de toutes les créatures ; et de tous ses membres, l'œil est le plus digne d'honneur, car c'est lui qui gouverne le corps, lui qui est le plus bel ornement du visage, ce qu'est le soleil dans l'univers, l'œil l'est dans le corps de l'homme, c'est pour cela qu'il occupe la partie la plus élevée et qu'il y est placé comme sur son trône.


Source: Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868)